Déclaration
Résumé
M. SUBRAHMANYAM JAISHANKAR, Ministre des affaires étrangères de l’Inde, s’est inquiété des pratiques commerciales déloyales et des projets non viables qui menacent l’emploi et augmentent les niveaux d’endettement, faisant dérailler les efforts de développement. La fréquence et l’intensité des événements climatiques affectent la sécurité alimentaire et sanitaire. À ces maux s’ajoute la polarisation du monde, s’agissant notamment des conflits en cours en Ukraine et à Gaza, lesquels acquièrent aujourd’hui des « ramifications plus vastes ». « Le monde est divisé, polarisé et frustré », a constaté le Ministre, qui a critiqué les pays qui ont « tiré davantage du système international qu’ils n’y ont versé », à tel point que la réforme du multilatéralisme est devenue à ses yeux « impérative ».
Paralysée face aux divisions, aux conflits et au terrorisme, l’ONU ne saurait, pour le Ministre, être à la hauteur de cette tâche. « L’évasion des responsabilités » des pays développés en matière d’action climatique compromet en outre les perspectives de croissance des pays en développement, a-t-il accusé, la pénurie de ressources ayant pour effet de limiter la poursuite des objectifs de développement durable. « Ce ne sont pas seulement les économies qui sont en danger, mais la dignité humaine elle-même », a-t-il averti.
Devant un tel constat, l’Inde concentre son action sur les défis particuliers des personnes vulnérables telles que les femmes, les agriculteurs et les jeunes, au moyen d’initiatives ciblées, a assuré M. Jaishankar. « L’accès assuré à l’eau courante, à l’électricité, au gaz de cuisine et à de nouveaux logements change des millions de vies », à tel point que l’écart entre les sexes a commencé à se réduire. En assurant une infrastructure numérique publique, l’Inde propose une vision alternative dans laquelle « la technologie est utilisée pour donner du pouvoir, et non pour dominer », a estimé le Ministre. Une démarche qui, a-t-il fait observer, s’étend aux autres pays du Sud, qui se sont rassemblés à l’occasion de trois sommets afin de partager leurs préoccupations communes.
Pour le Ministre, l’une des principales causes du retard de plusieurs pays réside dans l’injustice du modèle de mondialisation actuel, axé sur la « surconcentration de la production ». Il a opposé à ce modèle celui d’une démocratisation de la production mondiale, de la mise en place de chaînes d’approvisionnement résilientes et des services numériques fiables, qui favorise une prospérité généralisée.
Si de nombreux pays sont laissés pour compte du fait de circonstances indépendantes de leur volonté, d’autres, comme le Pakistan, font hélas « des choix conscients aux conséquences désastreuses », a poursuivi M. Jaishankar. Le Ministre a dénoncé les « méfaits » de son voisin dont le « PIB ne peut être mesuré qu’en termes de radicalisation et ses exportations sous la forme du terrorisme ». Alors que « les maux qu’il a cherché à infliger aux autres consument aujourd’hui sa propre société », le Ministre y a vu les effets du karma: « une nation dysfonctionnelle qui convoite les terres des autres doit être dénoncée et combattue ».
Pour l’Inde, l’ONU ne peut demeurer la plateforme centrale pour trouver un terrain d’entente en restant aussi anachronique. Une Organisation efficace, plus représentative et mieux adaptée à son rôle dans l’ère contemporaine lui paraît donc essentielle.
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