Déclaration
Résumé
M. ABDOULAYE MAIGA, Vice-Premier Ministre, Ministre d’État et Ministre de l’administration territoriale et de la décentralisation du Mali, a décrit son pays comme un pays ayant connu, depuis 2012, une crise multidimensionnelle complexe qui a entraîné la perte de plus de la moitié de son territoire et de nombreuses victimes innocentes. Il en a attribué la cause à l’association « à la fois incestueuse et opportuniste » de groupes terroristes et de groupes armés, mais aussi à l’intervention militaire « hasardeuse » de l’OTAN en Libye, qui a aggravé l’insécurité dans les pays du Sahel. M. Maiga a cité comme conséquences le terrorisme, les trafics en tout genre, le blanchiment de capitaux et des conflits communautaires manipulés par « les terroristes et leurs sponsors étatiques étrangers ».
Constatant « l’échec des forces internationales présentes au Mali depuis 2013 », le Mali a décidé de « reprendre son destin en main » en réorganisant de fond en comble ses Forces de défense et de sécurité, a expliqué le Ministre. « Violenté, humilié, pillé et torpillé, abandonné en plein vol, poignardé dans le dos », le Mali s’est vu contraint d’élaborer une vision réaliste de la géopolitique en suivant un adage populaire bambara: « la succulence de la sauce des uns dépend du pillage des bovins des autres ». Ne souhaitant ni devenir des prédateurs –« barbares sans foi ni loi à la recherche des bovins d’autrui »– ni demeurer d’éternelles victimes, les Maliens ont choisi une voie médiane, veillant au respect de leur souveraineté tout en respectant celle des autres, a exposé le Ministre. Des principes et valeurs caractérisant, mutatis mutandis, les peuples frères burkinabé et nigérien, a-t-il ajouté.
Le peuple malien a choisi de mener des réformes politiques avant d’organiser les élections, en vue d’ancrer profondément une gouvernance vertueuse, a poursuivi M. Maiga: mise en place d’une autorité indépendante de gestion des élections; adoption d’une nouvelle Constitution le 22 juillet 2023, par suite d’un référendum bien organisé; réorganisation territoriale et administrative; renforcement de la lutte contre la corruption; refonte du code minier, favorisant le « contenu local ». Un dialogue intermalien a aussi permis aux Maliens « de laver leur linge sale en famille » sans interférence extérieure, contrairement à l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger qui, a-t-il rappelé, « a pris fin » le 25 janvier 2024.
Toutes les régions ont été reprises aux groupes terroristes, a assuré le Ministre. Aujourd’hui « sérieusement affaiblis », ceux-ci gardent toute de même une certaine capacité de nuisance, a-t-il concédé, avant d’en trouver la raison dans le « soutien de sponsors étatiques étrangers », notamment de nationalité « ukrainienne », que le Ministre a condamnés dans les termes les plus fermes pour avoir participé à une « lâche attaque terroriste » ayant visé une patrouille malienne, du 24 au 26 juillet 2024, à Tinzawatène, dans la région de Kidal.
L’Alliance des États du Sahel formée en septembre 2023 avec la signature de la Charte du Liptako-Gourma par le Mali, le Niger et le Burkina Faso a été transformée en confédération et deviendra à terme une « fédération », a en outre affirmé M. Maiga. Selon lui, l’entité a déjà obtenu des résultats rapides et édifiants dans la lutte contre le terrorisme. Dans ce cadre, la Confédération a d’ailleurs demandé en août dernier au Conseil de sécurité de prendre des mesures appropriées contre les autorités ukrainiennes. S’étonnant de « l’hostilité farouche » envers la Confédération, notamment de la part de certains responsables de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest « aux ordres d’entités impérialistes et néocoloniales », le Ministre a annoncé que la Confédération était ouverte à tous les investisseurs, à condition que le partenariat profite aux populations sahéliennes et respecte la souveraineté des États.
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