Déclaration
Résumé
« Nous devons marquer une pause et réinitialiser », a lancé Mme MIA AMOR MOTTLEY, Première Ministre de la Barbade, en s’adressant à ses pairs, leur demandant d’offrir de nouvelles opportunités et solutions aux crises qui freinent la croissance économique et limitent les ambitions. La réinitialisation nécessaire doit mettre fin à toutes les formes de discrimination, a-t-elle expliqué, car il y a aujourd’hui des règles et des institutions qui créent des citoyens de première et de deuxième classe en fonction de leur nation d’origine. « L’ordre international doit devenir inclusif et réceptif. »
Mme Mottley a demandé une réforme des structures néocolonialistes, appelant à veiller à ce que les institutions mondiales accordent aux pays en développement, en particulier aux petits pays vulnérables comme le sien, des sièges aux tables de décision pour qu’ils soient vus et entendus et pour qu’ils deviennent des agents actifs de leur propre cause. Ils doivent pouvoir diriger leurs propres paradigmes de développement.
Cette réinitialisation doit se caractériser par une réforme institutionnelle à commencer par les Nations Unies, a poursuivi Mme Mottley. Idem pour l’architecture financière mondiale, pour laquelle elle a dénoncé l’accès restreint aux capitaux, leur coût disproportionné, leur échelle inadéquate et le fardeau écrasant de la dette. Elle a déploré que ces facteurs combinés obligent les gouvernements des pays les plus pauvres et aussi les pays vulnérables à revenu intermédiaire à consacrer plus de ressources au service de la dette qu’à la santé, à l’éducation et à l’infrastructure réunies. Elle a demandé un nouveau programme commun, devant se fonder sur le principe africain d’Ubuntu: « Je suis parce que vous êtes; je suis parce que nous sommes ».
Appelant à « faire preuve de clarté et de volonté politique » pour venir à bout des pratiques discriminatoires du système financier international, elle a salué le lancement de la troisième itération de l’initiative de Bridgetown qui identifie trois principes clefs: modifier les règles du système financier international et réformer sa gouvernance et ses instruments ; mettre les économies vulnérables à l’abri des chocs en traitant la question de la dette et des liquidités d’une manière globale et axée sur le développement; et augmenter le financement en renforçant la capacité des pays à investir dans la résilience par plusieurs moyens, y compris la réorientation des droits de tirage spéciaux (DTS) par l’intermédiaire des partenaires de développement multilatéraux.
Passant au cas des petits États insulaires en développement (PEID), dont les vulnérabilités sont devenues plus prononcées, la Première Ministre a encouragé la communauté internationale et le système multilatéral à « nous laisser travailler ensemble » pour garantir que la promesse faite à Bridgetown en 1994 se concrétise par la mise en œuvre du Programme d’Antigua-et-Barbuda pour les PEID adopté en mai 2024.
Sur le sujet de la paix et de la sécurité, elle a estimé que les conflits qui embrasent le Soudan, l’Ukraine, le Myanmar, Israël, Gaza et maintenant le Liban ne sont que la partie émergée d’un « iceberg de mort, de violence et d’instabilité ». « Même si toutes les guerres de l’histoire ont pris fin, la véritable question aujourd’hui est à quel prix », a-t-elle observé en réitérant son appel à un engagement collectif pour la paix.
En ce qui concerne sa région, Mme Mottley a fait remarquer l’escalade sans précédent du nombre d’armes d’assaut, des armes fabriquées aux États-Unis qui font des ravages dans les systèmes juridiques et les sociétés, demandant là aussi une réinitialisation fondamentale. Elle a aussi souligné les problèmes de sécurité et de paix d’Haïti et demandé la levée de l’embargo contre Cuba.
Alors que le monde traverse « une saison de superlatifs », avec ses inondations et ses sécheresses, ses ouragans et ses incendies, qui vont coûter la vie et des moyens de subsistance à tant de personnes, Mme Mottley a asséné aux négationnistes des changements climatiques qu’eux aussi ont besoin d’une réinitialisation pour admettre l’absolue nécessité d’une action collective pour sauver notre mode de vie et notre planète. En conclusion, elle a misé sur le Pacte pour l’avenir et salué les termes dans lesquels ses collègues se sont exprimés ici cette semaine, y voyant une lueur d’espoir, une preuve que les dirigeants du monde comprennent et adhèrent à son concept de réinitialisation, même s’ils ne l’ont pas appelé ainsi.
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