Déclaration
Résumé
Notre sécurité, notre santé, notre planète sont désormais des biens communs, qu’il nous revient de travailler à préserver ensemble, a déclaré M. JEAN-YVES LE DRIAN, Ministre de l’Europe et des affaires étrangères de la République française, dans une déclaration préenregistrée. « Car, dans un monde d’échanges et d’interdépendances, un monde en état d’urgence environnementale, un monde en proie à de préoccupantes logiques de brutalisation et à la tentation persistante de l’unilatéralisme, tout ce que nous faisons collectivement –ou à l’inverse manquons de faire– nous engage tous », a mis en garde M. Le Drian. La France appelle de ses vœux la tenue d’un sommet du P5 pour établir « un programme d’action commun », afin de rendre au Conseil de sécurité la capacité d’exercer tout son mandat et afin d’engager le dialogue sur les sujets clefs du contrôle des armements et de notre sécurité collective. Le Ministre a indiqué que son pays continuera d’agir en faveur de la paix et de la stabilité dans l’espace indo-pacifique avec ses partenaires de bonne volonté dans cette région et avec les autres Européens à ses côtés. « La France, en tant que nation de l’Indo-Pacifique y a des intérêts majeurs, tout comme l’Europe qui vient de se doter d’une stratégie en la matière. »
En Afghanistan, notre devoir est d’apporter à la population l’aide humanitaire dont elle a besoin et notre intérêt commun est de porter une exigence politique et sécuritaire claire à l’égard du régime de Kaboul: « tout lien avec les organisations terroristes doit être rompu », a insisté le Ministre français. « Vingt ans après le choc du 11 Septembre, nous savons ce que la reconstitution d’un sanctuaire terroriste impliquerait pour nous tous. » Au Levant et au Sahel, pour la même raison, il a dit qu’il fallait poursuivre le combat contre la menace terroriste, agir pour rétablir le dialogue là où il est rompu et redonner des perspectives aux populations, à travers les combats de la stabilisation et du développement. La France organisera, à Paris, le 12 novembre prochain, la Conférence internationale de soutien au processus politique et au rétablissement de la souveraineté libyenne, a annoncé M. Le Drian. En outre, selon lui, la poursuite du programme nucléaire iranien exige la plus grande fermeté. « Les positions américaines d’hier ne peuvent justifier que l’Iran continue de violer les engagements qu’il a pris au titre du Plan d’action global commun (PAGC). » Pour la France, le seul chemin possible demeure celui d’un accord permettant d’établir que l’Iran respecte à nouveau ses obligations. M. Le Drian a donc jugé indispensable que la négociation reprenne très rapidement.
Abordant le défi de la COVID-19, le Ministre des affaires étrangères a refusé de voir se creuser la « fracture vaccinale » qui existe aujourd’hui entre le Nord et le Sud. Il est urgent d’obtenir une accélération des livraisons, de nous assurer que chaque vaccin livré soit bien administré et de renforcer nos capacités de production sur tous les continents. M. Le Drian a confirmé que la France donnera 60 millions de doses d’ici à la fin de l’année et qu’elle contribue à financer un projet de transfert de technologie en Afrique du Sud qui devra permettre de développer sur le continent des capacités autonomes de production de vaccins à ARN messager. La solidarité internationale doit aussi prévaloir face au défi de la relance économique. L’initiative de suspension de la dette que nous avons prise au G20, puis l’établissement d’un cadre commun pour son traitement ont d’ores et déjà permis d’apporter une réponse à l’urgence, a relevé M. Le Drian. Mais il faut aller plus loin, en construisant, avec l’Afrique, le nouveau pacte que le Président Macron a appelé de ses vœux au Sommet sur le financement des économies africaines en mai dernier. Le G20 doit s’engager pour que l’allocation des droits de tirage spéciaux décidée au FMI soit rapidement complétée par la réallocation d’une partie d’entre eux aux pays qui en ont le plus besoin.
Avant qu’il ne soit trop tard, nous devons nous retrouver autour de l’objectif de neutralité climatique à l’horizon 2050, a continué M. Le Drian. Là encore, la France sera solidaire: elle apportera 6 milliards d’euros par an et consacrera plus d’un tiers de ses financements à l’adaptation climatique. Ce combat pour le climat doit aller de pair avec le combat pour la biodiversité, a-t-il ajouté. Dans cette période de redémarrage de l’économie mondiale, nous devons, enfin, veiller à ce que nos pratiques commerciales soient bien compatibles avec notre volonté de solidarité internationale et nos objectifs climatiques et environnementaux. La France, a-t-il avancé, préconise de nouveaux leviers conformes au droit de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), « comme le Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières que nous voulons mettre en place en Europe pour lutter contre les fuites de carbone, de la même manière que nous voulons lutter contre la déforestation importée et contre les violations des droits sociaux tout au long de nos chaînes de valeur ».
Préoccupé par les comportements « de plus en plus irresponsables » qui prospèrent dans l’espace numérique, M. Le Drian a appelé tous les États à approuver la mise en place d’un impôt universel minimal de 15% pour les entreprises multinationales, qui pourrait, selon lui, contribuer à apporter « une réponse normative internationale à même de réguler ces dérives et d’y faire respecter les droits et les libertés de tous ».
Déclaration complète
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