Déclaration
Résumé
M. CHARLES MICHEL, Président du Conseil européen, a rappelé que le système des Nations Unies est aujourd’hui « ankylosé, entravé par des forces hostiles ». Il a alerté sur l’érosion de la confiance, craignant la menace d’une « dangereuse confrontation bipolaire ». Pour remettre la coopération sur les rails, il a donc préconisé de restaurer la confiance, résoudre les problèmes les plus urgents et réparer le système des Nations Unies. La confiance, a‑t‑il souligné, est fondée sur le respect de la Charte des Nations Unies. Dans ce cadre, il a déploré la « guerre de conquête » menée par la Russie en Ukraine et ses répercussions sur le crédit dont jouit l’ONU. Pour y remédier, il a détaillé un plan de réforme du Conseil de sécurité et assuré du soutien de l’Union européenne concernant les propositions de changement présentées par le Secrétaire général dans « Notre Programme commun ».
En premier lieu, M. Michel a prôné la réforme du droit de veto, jugeant choquant qu’un membre permanent du Conseil de sécurité oppose son veto à des sanctions contre lui-même, quand bien même il viole la Charte des Nations Unies. Rappelant que la Charte prévoit qu’un membre du Conseil de sécurité s’abstienne lors d’un vote dont il est l’objet, il a exhorté les autres pays siégeant au Conseil à invoquer cette clause contre la Russie. Il a assuré la France et le Mexique du soutien de l’Union européenne concernant leur initiative pour limiter l’exercice du droit de veto dans les cas d’atrocités de masse. De même, il a appelé de ses vœux un nouveau mécanisme conjuguant prise de décisions à la majorité et usage modéré du droit de veto.
M. Michel s’est également prononcé en faveur d’une meilleure représentativité au sein du Conseil de sécurité, notant qu’à ce jour, 60 pays n’y ont encore jamais siégé. Il a déploré la quasi-absence de régions entières du monde, en Afrique, Amérique du Sud, Caraïbes et Asie. Ce manque de représentativité, a‑t‑il averti, érode la légitimité du Conseil. Enfin, il a proposé d’intégrer dans cet organe les organisations régionales ou continentales, lesquelles représenteraient « un nouveau niveau de légitimité » dans le monde actuel.
Face aux changements climatiques, le Président du Conseil européen a estimé qu’il était dans l’intérêt de tous les pays avancés d’appuyer les efforts des pays en développement vers la neutralité carbone. Ces pays ne bénéficieraient que d’un quart des investissements privés mondiaux, alors même que le G20 serait responsable de 80% des émissions, a‑t‑il fait remarquer. Soulignant l’ampleur du défi, il a rappelé que, selon l’Agence internationale de l’énergie, le « zéro carbone » exige 5 000 milliards d’euros par an d’investissements mondiaux –soit 4% du PIB mondial– dès 2030 et jusqu’en 2050.
Enfin, il s’est inquiété de la situation économique des économies les plus vulnérables, fragilisées par la pandémie et la guerre en Ukraine. « Personne ne doit être contraint de choisir entre la réduction de la pauvreté et le verdissement de l’économie », a‑t‑il estimé, préconisant la mise en place d’un système financier « plus robuste, plus juste, et mieux préparé au XXIe siècle ». Il a réclamé notamment la réforme du système de Bretton Woods pour le rendre plus équitable, plus inclusif et plus efficace, soutenant aussi le stimulus des ODD présenté par le Secrétaire général. Enfin, il a appelé à accroître la capacité de prêt des institutions financières internationales, rappelant qu’en 60 ans, le pouvoir de financement de la Banque mondiale, proportionnellement à la production mondiale, avait été divisé par 7.
Devant l’Assemblée générale des Nations Unies, le Président du Conseil européen, Charles Michel, a appelé jeudi à une refonte du système financier international et surtout proposé des réformes pour renforcer la coopération mondiale autant que la légitimité et l’efficacité de l’ONU.
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