Déclaration
Résumé
M. VLADIMIR MAKEI, Ministre des affaires étrangères du Bélarus, a noté que, depuis plus de six mois, le monde vit dans l’ombre du conflit en Ukraine qui, comme la pandémie de COVID-19 avant lui, a mis en évidence « les inconvénients de l’interdépendance mondiale ». Il a ensuite appelé à répondre, « de manière très honnête et impartiale », à deux questions: quelles sont les causes profondes du conflit en Ukraine? et que faire pour mettre fin au conflit et empêcher que des événements similaires ne se reproduisent à l’avenir?
Afin de répondre à ces questions, il s’est lancé dans une vaste démonstration historique et géopolitique. Estimant que le conflit prenait racine dans l’humiliation des perdants de la guerre froide, il a dépeint les « soi-disant vainqueurs » occidentaux des années 90 comme ceux de la Première Guerre mondiale, écrasant leurs adversaires par un « traité de Versailles 2.0 », un gentlemen’s agreement non écrit et non respecté. Accusant l’Occident d’avoir voulu transformer les ex-Républiques soviétique en États satellites, il a cité le diplomate américain Georges Kennan qui avait qualifié l’extension de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) vers l’Est « d’erreur stratégique potentiellement gigantesque ». Dénonçant les « guerres illégales » de l’OTAN en Yougoslavie, en Iraq, en Libye et en Syrie, M. Makei a fait reposer la responsabilité du bain de sang en Ukraine sur « l’Occident collectif ».
Abordant la question des solutions à apporter au conflit M. Makei a estimé que les Occidentaux avaient refusé et ignoré des propositions répétées de la Fédération de Russie en 2009, du Bélarus en 2017, et de nouveau de la Fédération de Russie en décembre 2021 pour aboutir à un accord consensuel sur les questions de paix et de sécurité en Europe. Il a opposé un Occident qui souhaitait un monde « unipolaire et concentrique » à la plupart des autres pays du monde qui souhaitaient un monde « multipolaire et polycentrique ». Estimant que l’Occident avait dominé le monde pendant 500 ans et espérait continuer de le faire indéfiniment, il en a appelé à une « révolution copernicienne » qui permettrait à l’Occident de comprendre que les relations internationales ne tournent pas autour de lui, que l’Histoire n’a pas de fin et ne se dirige pas inexorablement vers la soi-disant « démocratie libérale » et que le monde ne peut se réduire à une confrontation entre soi-disant « démocraties » et « autocraties ».
Condamnant des sanctions économiques « unilatérales et illégales », le Ministre a estimé qu’elles manquaient leur cible et que le Bélarus et la Russie résisteraient à la tempête comme Cuba, « éprise de liberté », qui subit des sanctions depuis 60 ans déjà. Il a estimé qu’elles avaient surtout pour effet de faire souffrir les pays les plus pauvres du monde, avec des prix des aliments et des engrais multipliés par trois ces six derniers mois, et un effet boomerang qui verrait les simples citoyens européens geler cet hiver.
M. Makei s’est dit « triste » de voir les Ukrainiens victimes des ambitions de « l’Occident collectif », dénonçant les révolutions téléguidées de 2004 et 2014. « L’Ukraine paie aujourd’hui par le sang cette situation mais il n’est pas trop tard pour rectifier le tir », a-t-il affirmé. Rappelant que des négociations russo-ukrainiennes avaient eu lieu au Bélarus juste après le début du conflit, il a réitéré la proposition de bons offices de son pays.
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