Déclaration
Résumé
M. MIROSLAV LAJČÁK, Président de la soixante-douzième session de l’Assemblée générale, a, tout d’abord, exprimé sa sympathie au peuple de la Dominique, frappé par l’ouragan Maria, quelques jours après que d’autres États eurent également été ravagés par l’ouragan Irma.
Il a ensuite expliqué qu’il aurait souhaité être en mesure de préparer un discours différent de celui qu’il allait prononcer. « J’aurais aimé présenter une longue liste d’exemples de médiations et d’actions précoces réussies qui auraient permis de prévenir des confits; parler des personnes qui migrent par choix plutôt que par désespoir; féliciter chacun d’entre vous pour avoir respecté les engagements pris en faveur du climat; et pour avoir renvoyé l’extrême pauvreté dans les livres d’histoire », a-t-il déclaré. « J’espère qu’un jour, quelqu’un sera en mesure de prononcer un tel discours, a poursuivi, M. Lajčák. Mais ce ne sera pas moi, pas aujourd’hui. »
M. Lajčák a ensuite rappelé la persistance des conflits, qui affectent davantage les civils que les combattants. Ce sont les écoles et les hôpitaux, pas les casernes, qui sont la cible des attaques, a-t-il fait observer.
Il a également fait état des « 65 millions de personnes qui ont quitté leurs foyers parce qu’elles y étaient forcées et de nombreux autres défis, comme la persistance de la pauvreté extrême, les inégalités croissantes, les attaques terroristes aveugles ou encore les effets des changements climatiques, qui s’accroissent ». « Ce sont là des défis mondiaux, auxquels chaque État doit faire face, mais ce sont aussi des défis individuels par nature, car ils concernent la vie de chacun d’entre nous », a rappelé M. Lajčák.
Certes, a reconnu le Président de l’Assemblée générale, il existe aussi des choses à célébrer. Il a ainsi cité l’adoption des objectifs de développement durable et le soutien apporté à l’Accord de paix en Colombie et l’Accord de Paris sur les changements climatiques.
Préférant se tourner vers l’avenir plutôt que vers le passé, M. Lajčák a souhaité entendre, lors de la semaine à venir, « des visions, des idées et, oui, des critiques et des inquiétudes ». Cela permettra de définir la voie pour les Nations Unies, a-t-il expliqué, se disant confiant que ce qui sera dit pendant cette période influencera aussi le travail des dirigeants du monde dans leur pays.
M. Lajčák a ensuite présenté sa propre vision. Il a rappelé que la paix et la prévention des conflits devaient être au centre de toutes les activités des Nations Unies. Dans la Charte des Nations Unies, le mot « guerre » n’apparaît que cinq fois, celui de « paix », 47 fois, a-t-il relevé, en regrettant que trop d’argent et de temps soient dépensés pour réagir à des conflits plutôt qu’à les prévenir.
À cet égard, M. Lajčák a estimé que les Nations Unies disposaient déjà de la plupart des outils dont elles avaient besoin. Ce qui manque, ce sont les conditions dans lesquelles on pourrait les utiliser correctement, a-t-il dit.
M. Lajčák a ensuite demandé que l’on se consacre davantage aux aspects humains. « Les Nations Unies n’ont pas été créées pour les dirigeants et les diplomates, mais pour les peuples », a-t-il dit. « Aujourd’hui, de nombreux peuples sont déçus mais d’autres tournent leurs espoirs vers la bannière bleue des Nations Unies, dans laquelle ils voient le premier signe de sécurité et de début de changement. »
Sur ce point, M. Lajčák a annoncé son intention de parvenir à l’adoption du pacte mondial sur les migrations. « Soyons francs: ce sera un processus difficile », a-t-il ajouté, reconnaissant le caractère « hautement diviseur » de la question. « Ce n’est pas une raison pour en faire une nouvelle occasion de sombrer dans la bureaucratie; il nous faut un accord qui fonctionne autrement que sur le papier », a-t-il ajouté.
De même, le terrorisme international ne pourra être vaincu seulement par des canons ou des barrières, a poursuivi M. Lajčák, pour qui le problème est humain. Il a appelé à l’adoption de cadres mondiaux viables qui puissent être mis en application pour les gens et en temps utile.
« Nous n’avons pas le droit d’échouer », a averti le Président de l’Assemblée générale, « sans quoi les cyniques triompheront tandis que les autres perdront des raisons d’espérer ». Cela est valable aussi dans le domaine humanitaire, a-t-il rappelé, en dénonçant les trop nombreuses violations du droit international humanitaire.
Enfin, il faut respecter les engagements pris pour protéger la planète dans le cadre de l’Accord de Paris, a défendu le Président, qui a toutefois appelé à une approche plus proactive, notamment auprès du secteur privé pour obtenir les financements nécessaires.
Paix et prévention, aspects humains et prospérité et protection de la planète sont les trois côtés d’un même triangle, qui peuvent ne pas être de même longueur, mais sont tous trois importants, a estimé M. Lajčák.
Enfin, M. Lajčák a rappelé le rôle crucial et transversal des droits de l’homme, l’importance de l’égalité entre les hommes et les femmes et de la promotion des femmes et la réforme des Nations Unies. Il s’est engagé à promouvoir un processus crédible pour poursuivre la réforme du Conseil de sécurité.
Enfin, il a plaidé pour que l’ONU « ouvre ses portes » aux organisations régionales, au secteur privé et à la société civile, notamment les jeunes, et que ces changements commencent en premier lieu au Siège de New York, où il a souhaité « moins de monologues et davantage de dialogue ».
En conclusion, M. Lajčák s’est engagé à travailler tout au long de cette année pour que son successeur ait le privilège de prononcer un discours plus optimiste.
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