Déclaration
Résumé
Pour M. Allah-Maye Halina, Premier Ministre du Tchad, la réussite de l’ONU sera jugée « à l’aune de notre capacité collective à aider les pays vulnérables ».
« La souveraineté n’est ni un privilège, ni une concession. Elle est un droit inaliénable. »
En Afrique, en Asie et en Amérique du Sud, la défiance grandit à l’égard du multilatéralisme « parce que les décisions majeures de cette Organisation semblent servir les intérêts de quelques grandes puissances au détriment des aspirations des pays du Sud » et parce que « le Conseil de sécurité reste une structure figée où l’Afrique, berceau d’un cinquième de l’humanité, demeure exclue de toute représentation permanente » et qui doit être réformée, a affirmé M. Allah Maye Halina. Il a aussi estimé que « la souveraineté des États demeure le socle de l’ordre international. La souveraineté n’est ni un privilège ni une concession. Elle est un droit inaliénable qui garantit à chaque peuple la maîtrise de son destin.
Le Premier Ministre a souligné « l'échéance fatidique » des objectifs de développement durable, pour lesquels il faudra mobiliser annuellement d’ici à 2030 plus de 4 000 milliards de dollars pour combler le déficit du financement du développement dans les pays pauvres. La réussite de l’ONU sera jugée « à l'aune de notre capacité collective à aider les pays vulnérables », a-t-il lancé. Il a donc déploré que l’aide au développement connaisse des « coupes drastiques » et que des agences et entités de l’ONU aient supprimé des services vitaux pour les plus vulnérables.
Le Premier Ministre a expliqué que son pays était « à la croisée de tous les défis contemporains »: sécuritaire, humanitaire et climatique, en faisant face à la menace du terrorisme dans la région du Bassin du Lac Tchad, que son pays « a dû affronter seul », témoignage selon lui de l’engagement du Tchad en faveur de la paix et la sécurité sous-régionale.
Rappelant que le Tchad et bien des pays en Afrique n’émettent presque pas de gaz à effet de serre mais « payent un lourd tribut à une crise qu’ils n’ont pas causée », M. Allah Maye Halina a plaidé en faveur d’« une justice climatique effective et d’un accès équitable aux financements, aux technologies vertes et aux vaccins ».
Une même antienne a traversé les rangs de l’Afrique francophone, cette semaine, durant le débat de haut niveau à New York : l’ONU, 80 ans après sa création, doit se réinventer si elle veut redevenir crédible auprès d’un continent à la fois en crise et riche en promesses de croissance.
De N’Djamena à Kinshasa, en passant par Dakar et Moroni, le bloc africain a interpellé l’organisation sur ses manquements. Le président tchadien Mahamat Déby a fustigé une structure « figée, héritée de l’après-guerre, où l’Afrique, berceau d’un cinquième de l’humanité, demeure exclue de toute représentation permanente ».
Réformer le Conseil de sécurité
Au banc des accusés, le Conseil de sécurité, cet organe chargé du maintien de la paix composé de cinq membres permanents – dont aucun n’est un pays africain.
Le président tchadien a appelé à la création de deux sièges permanents pour l'Afrique, assortis du droit de veto.
Réformer le maintien de la paix
Mais au-delà des institutions, c’est l’action sur le terrain qui est mise en cause. Si les casques bleus continuent d’incarner l’idéal de l’ONU, leur bilan est sévèrement jugé par les leaders francophones. Le Tchad va même jusqu’à dénoncer des opérations « parfois complices de violations », exigeant une réforme « en profondeur » recentrée sur la protection des civils.
L’Afrique comme laboratoire de solidarité
Quant au Tchad, il a rappelé le décalage entre les discours et les chiffres, à l;image du déficit vertigineux de 4.000 milliards de dollars annuels dans le financement des objectifs de développement durable, supposés arriver à échéance dans cinq ans.
Des crises régionales omniprésentes
Le Tchad, quant à lui, accueille près de deux millions de réfugiés et retournés en provenance du Soudan depuis 2023 et demande un soutien accru face à une crise humanitaire qui dépasse ses capacités.
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