Déclaration
Résumé
M. PÉTER SZIJJÁRTÓ, Ministre des affaires étrangères et du commerce de la Hongrie, a qualifié l’époque actuelle d’« ère des dangers » car jamais les Hongrois n’auraient pensé, 30 ans après s’être libérés du joug communiste, que la Guerre froide reviendrait et pire, qu’une guerre serait menée en Europe. Pays voisin de l’Ukraine, a rappelé le Ministre, la Hongrie vit depuis deux ans et demi dans l’ombre d’une guerre qui a jeté des millions de réfugiés sur les routes hongroises. La Hongrie paie le prix d’une guerre qui n’est pas la sienne et qu’elle n’a pas déclenchée. Comment rétablir la paix et plus précisément, quelle est la manière la plus rapide de la rétablir? Plus nous tarderons, a prévenu le Ministre, plus il y aura de destructions, de morts et de familles déchirées. Les quelque 150 000 Hongrois qui vivaient en Ukraine ont été enrôlés dans l’armée ukrainienne et beaucoup d’entre eux ont perdu la vie.
Il faut faire le point, a pressé M. Szijjártó, sur ce qui a fonctionné ou n’a pas fonctionné car rien de ce qu’a entrepris l’Union européenne n’a porté de fruits. Les armes qu’elle a envoyées n’ont fait qu’augmenter le nombre des pertes en vies humaines et des dégâts. Il est temps que l’Union européenne réfléchisse aux conséquences de ses actes. Il nous faut une désescalade, une réflexion et une précaution avec les mots que l’on emploie, maintenant que nous sommes confrontés à une menace nucléaire « honteuse ».
La solution, a estimé le Ministre, se trouve à la table des négociations sur un cessez-le-feu immédiat. La paix n’est pas « un gros mot » et la diplomatie n’est pas de parler qu’aux gens avec qui on est d’accord. Le mutisme « déplorable » des grandes puissances est un risque existentiel et « un cauchemar » que la Hongrie a vécu pendant 40 ans. Nous ne voulons pas de la réémergence d’un monde séparé en deux blocs, ce qui serait une défaite pour nous et pour le monde entier. Ce que nous voulons, a précisé le Ministre, c’est une coopération « civilisée » entre l’Ouest et l’Est. Malgré sa taille relativement modeste, a conclu le Ministre, la Hongrie, dont le Gouvernement a adopté une ligne patriotique fondée sur le bon sens, veut être un exemple de cette coopération. Elle est déjà devenue le lieu de rencontre privilégié entre l’Ouest et l’Est, comme en atteste l’implantation d’usines automobiles allemandes et l’organisation de plusieurs colloques.
Le Ministre n’a pas oublié de dénoncer l’hypocrisie des sanctions occidentales, inutiles et absurdes contre la Fédération de Russie dont l’uranium alimente toujours les centrales nucléaires américaines, dont le pétrole et le gaz est toujours achetés par l’Europe qui évidemment cache cette réalité. Il a enfin déploré que la « politique étrangère pragmatique » de la Hongrie lui ait coûté des dizaines de millions d’euros retenus par l’Union européenne. Nous n’avons fait que défendre ses frontières et notre gouvernement choisira toujours de répondre aux attentes de son peuple qui l’élit élection après élection, plutôt que de satisfaire des ONG ou des acteurs extérieurs.