Déclaration
Résumé
M CHARLES MICHEL, Président du Conseil européen, a fait observer que la Russie a déclenché une « guerre hybride » qui conjugue la violence des armes et le poison du mensonge, déclinant une série d’assertions fallacieuses venues de Moscou. Ainsi, la Russie serait menacée depuis des années par « l’Ouest », mais « c’est faux! » s’est-il exclamé. Il a expliqué que le Kremlin tente de mobiliser le reste du monde contre un ennemi imaginaire car personne n’a menacé, attaqué, ni envahi la Russie. Deuxième mensonge selon M. Michel: la guerre viserait à empêcher un prétendu génocide. « C’est faux et c’est immonde! » s’est-il insurgé. Troisième mensonge: l’agression contre l’Ukraine serait une simple opération spéciale et non une guerre. « C’est faux! » La mobilisation annoncée de centaines de milliers de réservistes ne fait que le confirmer, a-t-il relevé. Quatrième mensonge: les sanctions provoqueraient des pénuries d’aliments et de fertilisants. « C’est faux! » C’est la Russie qui a bloqué unilatéralement les ports de la mer Noire, a-t-il rétorqué. Se félicitant que les couloirs routiers ouverts par l’Union européenne aient permis de faire sortir 10 millions de tonnes de produits alimentaires d’Ukraine, M. Michel a dénoncé les menaces de la Russie de ne pas prolonger l’accord trouvé avec l’Ukraine, l’ONU et la Türkiye pour exporter des céréales par la mer Noire. Rappelant un article de Vladimir Putin, paru l’année dernière, dans lequel il estimait que l’Ukraine n’était « ni une nation ni un État légitime », M. Michel a estimé que personne n’était dupe et que des « simulacres de référendums » n’y changeraient rien.
Le Président du Conseil européen a cité la définition de l’impérialisme donnée par Modibo Keita, premier Président du Mali, lors de la fondation de l’Organisation de l’unité africaine en 1963: « la domination d’un homme sur un homme, d’une société sur une société, d’un peuple sur un peuple », estimant qu’elle s’appliquait à un pays menant une « guerre de colonisation » et agitant la menace nucléaire. L’Union européenne (UE) ne demande à personne de choisir entre l’Est, l’Ouest, le Nord ou le Sud, a-t-il assuré, expliquant qu’elle défend un ordre fondé sur des règles face à la loi du plus fort. Face à une Russie qui fait peur et à un Kremlin qui se comporte en maître-chanteur, M. Michel a décrit l’action d’une Union européenne ayant la coopération multilatérale pour ADN. « Avec nos frères africains, nous avons reprogrammé le logiciel: notre partenariat est sincèrement d’égal à égal et je plaide pour l’inclusion de l’Union africaine au G20 », a-t-il affirmé. Considérant que le droit de veto au Conseil de sécurité devait être l’exception et non la règle, il s’est prononcé en faveur d’une réforme de l’institution, ajoutant que le déclenchement d’une guerre injustifiable et condamnée par l’Assemblée générale de la part d’un des membres permanents devrait entraîner sa suspension automatique du Conseil.
Avertissant qu’en raison des multiples crises actuelles, un cinquième de l’humanité risquait de sombrer dans la pauvreté et la famine, le Président du Conseil a rappelé que l’UE avait alloué 8 milliards d’euros à la sécurité alimentaire d’ici à 2024. Il a indiqué que l’UE et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) sont à l’initiative d’un traité sur les pandémies pour renforcer la sécurité sanitaire mondiale. « Nous sommes à un moment charnière de notre histoire humaine », s’est ému M. Michel, citant Winston Churchill qui, en 1946, affirmait que la Société des Nations n’avait pas échoué à cause de ses principes mais parce que les États qui l’avaient fondée n’avaient pas regardé les faits en face, pendant qu’il était en encore temps. M. Michel en a appelé à un sursaut « ensemble et maintenant ».
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