Déclaration
Résumé
M. PETRO POROSHENKO, Président de l’Ukraine, a relevé que les conflits sont la principale cause de l’augmentation des réfugiés et des personnes déplacées dans le monde, avec un niveau jamais atteint de 65,5 millions. Si la sécurité internationale semblait solide il y a moins de 20 ans, elle est aujourd’hui incertaine, a-t-il déploré. Il a aussi regretté que, trop souvent, les grands discours sur la paix, le respect du droit international, le respect des droits de l’homme, ne restent qu’à l’état de rhétorique, de messages politiquement corrects, qui ne sont pas suivis d’actions concrètes. Il a rappelé les raisons d’être de l’ONU, à savoir, « sauver les générations à venir du fléau de la guerre ».
« Malheureusement, aujourd’hui mes concitoyens sont devenus une part de ce cinquième de la population mondiale qui expérimente les horreurs de la guerre. Au moment où je prononce ce discours, je viens d’apprendre la triste nouvelle de la perte d’une nouvelle vie sur le front de la guerre infligée par un membre permanent du Conseil de sécurité. » Pour le Président, « Moscou fait des Ukrainiens des orphelins ». Il a aussi déploré que plus d’un million et demi de personnes soient devenues des « déplacées », qui ne peuvent toujours pas retourner chez elles. De plus, il a accusé la Russie de développer constamment les tragédies humaines, et maintenant en plus sur le terrain de l’écologie: « elle empoisonne le sol ukrainien et cause un désastre environnemental, non seulement en Crimée occupée, mais aussi au Donbass ».
Le Président ukrainien a expliqué que, « en défendant le territoire ukrainien ainsi que notre liberté, nous défendons aussi le Monde Libre ». Les Nations Unies, a-t-il clamé, ne devraient pas rester silencieuses quand les principes de sa Charte sont violés par un pays disposant du droit de veto. « Comment en sommes-nous arrivés là? » Bientôt personne ne sera en sécurité, a-t-il prédit en avertissant que le silence face aux violations du droit international ne fait qu’encourager le Kremlin. Pour lui, la Russie pense avoir le droit de restructurer le droit international à son idée. « Or, cet acteur égoïste et irresponsable ne fera qu’accélérer la crise, en faisant chanter tous les pays, avec pour objectif de faire taire ceux qui devraient parler. »
« Nous ne devrions pas rester silencieux, car rien n’empêchera Moscou de poursuivre ses politiques expansionnistes. Si nous ne punissons pas Moscou; elle continuera; ses agissement et brutalités doivent être rejetés en prenant des sanctions », a-t-il demandé. Le Président a toutefois considéré que l’efficacité des sanctions internationales laisse à désirer aujourd’hui, ce qui porte atteinte à la crédibilité de l’ONU. « Les mots et belles paroles qui sont inscrits dans la Charte ne valent rien s’ils ne sont pas appliqués. »
Selon M. Poroshenko, il faut renforcer le rôle de l’Assemblée générale dans les sanctions, l’Ukraine étant disposée à y contribuer. Le droit de veto est utilisé par la Russie, non pas pour protéger la paix internationale mais pour protéger ses propres intérêts, a-t-il analysé, souhaitant que la réforme en cours du Conseil de sécurité puisse rendre l’Organisation plus réactive face aux menaces.
« Nous avons toujours privilégié le multilatéralisme pour résoudre ce conflit et nous continuerons à suivre cette voie, mais nous sommes plus déterminés que jamais à défendre chaque centimètre carré de notre territoire. » Il a rappelé que la Cour internationale de Justice (CIJ) allait se prononcer sur l’affaire du vol MH17, qui a été abattu en 2014, et « dont nous connaissons le rôle joué par la Russie ». De plus, a-t-il ajouté, « cela fait quatre ans que la Russie a décidé d’annexer illégalement la Crimée et Sébastopol, en la transformant en une base militaire qui menace la sécurité et la stabilité de la région de la mer Noire ». Citant des exemples de nombreux Ukrainiens -des paysans, des cinéastes, des intellectuels- qui sont détenus dans les prisons russes pour avoir manifesté leur soutien à l’Ukraine, le Président a demandé une manifestation du soutien des Nations Unies à ces « courageuses personnes qui se battent pour la liberté ».
Passant au sujet de l’économie, le Président ukrainien a noté que son pays en est à 10 trimestres de croissance sans discontinuer, avec une croissance cette année de 3,8%. « Notre pays a la plus grande croissance dynamique parmi les marchés émergents, aidé par la stabilisation macroéconomique, l’amélioration du climat d’investissement et le nettoyage du secteur bancaire, en dépit de dépenses de sécurité et de défense qui représentent 6% de son produit intérieur brut. »
Le Président Poroshenko a rappelé qu’en 2019-2020, l’Ukraine sera membre du Conseil économique et social (ECOSOC). « Nous en profiterons pour renforcer le rôle du Conseil de sécurité, en particulier dans les situations de conflits et d’après-confit, car « nous connaissons le prix de la tragédie de la faim ». Il a fini en plaidant pour une ONU forte et pertinente, dans notre monde incertain et turbulent.
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