Déclaration
Résumé
Pour M. HEIKO MAAS, Ministre fédéral des affaires étrangères de l’Allemagne, il est clair qu’avec les gros problèmes en Syrie, en « Corée du Nord », au Moyen-Orient ou la situation dramatique des réfugiés, de la Méditerranée au Venezuela, le monde est en proie à une crise du multilatéralisme. Cette crise fait que les conflits dans le monde paraissent insolubles. « J’utilise le terme "paraître insoluble" pour refléter la foi que les Allemands ont dans le multilatéralisme », a souligné M. Maas, pour qui la réussite de l’Allemagne de l’après-guerre est aussi le succès du multilatéralisme.
Il a rappelé que les États-Unis ont joué un rôle essentiel dans la reconstruction de l’Europe. Le fait que ce soit cette Europe-là qui est devenue le partenaire le plus proche des Nations Unies est un triomphe du multilatéralisme. Nous croyons dans les Nations Unies parce que la coopération internationale a changé notre propre destin pour le meilleur, a témoigné M. Maas. L’Europe est une preuve pour le monde que le multilatéralisme et la souveraineté ne sont pas des termes contradictoires. Au contraire, dans un monde qui fait face à des problèmes immenses, nous ne pourrons préserver la souveraineté que si nous travaillons ensemble.
Le Ministre a ensuite indiqué que durant son mandat au Conseil de sécurité, qui commencera dans quelques semaines, l’Allemagne jouera son rôle pour faire face aux crises actuelles et placera le dialogue et la coopération au cœur de son action. Nous dialoguerons toujours avec la société civile au Conseil de sécurité et au-delà, a-t-il ajouté. M. Maas a ensuite estimé que le Conseil doit être plus représentatif et inclusif et appelé à entamer de véritables négociations sur sa réforme.
Poursuivant, M. Maas a constaté que la crise du multilatéralisme est « douloureusement » évidente en Syrie, où la guerre civile s’est transformée en un conflit régional répandu qui risque encore de s’aggraver. Ce type de guerre, a-t-il souligné, ne peut pas être résolu par des moyens militaires car les enjeux sont trop élevés. Il s’est félicité qu’une escalade ait pu être évitée à Edleb. Outre la pleine mise en œuvre de l’accord entre la Turquie et la Russie, il a appelé à entamer un processus politique sous les auspices des Nations Unies devant mener à des élections libres et équitables. À ce stade, nous serons également disposés à assumer la responsabilité de la reconstruction. Toutefois, il y a une ligne que nous ne franchirons jamais: nous de deviendrons pas les complices d’un régime qui a perdu sa légitimité politique, a-t-il averti. Il a ensuite annoncé que l’Allemagne donnera 116 millions d’euros supplémentaires au Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés pour aider les réfugiés syriens en Jordanie et au Liban. Il a aussi touché du conflit israélo-palestinien et de la situation en Ukraine.
Une paix durable ne peut être atteinte que si nous ne mettons pas fin à la course aux armements, a poursuivi le Ministre. Dans le cas de la Corée du Nord, ce pays doit joindre la parole aux actes et mener à une dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible. Par ailleurs, l’accord nucléaire avec l’Iran n’est peut-être pas parfait mais il a empêché l’Iran d’obtenir des armes nucléaires et a permis d’éviter une escalade qui était plus que probable il y a trois ans. Cela n’est pas insignifiant! s’est-il exclamé. Il a indiqué que les Européens demeurent unis sur cette question et œuvrent pour maintenir les échanges économiques avec l’Iran, tout en appelant l’Iran à continuer de mettre pleinement en œuvre ses engagements.
Le fait que nous appuyons le Plan d’action global commun ne signifie pas que nous fermons les yeux sur le rôle destructeur de l’Iran dans la région, ni sur son programme de missiles balistiques, a-t-il insisté. Au contraire, le désarmement, le contrôle des armes et la non-prolifération doivent devenir une fois de plus le centre de l’action de l’ONU.
M. Maas a également appelé à tenir compte des évolutions technologiques, à commencer par les systèmes d’armes létales autonomes, ou robots tueurs. Il a appelé les États Membres à assurer l’interdiction complète de ces armes « avant qu’il ne soit trop tard ».
L’ONU du XXIe siècle doit traiter les racines des conflits, y compris les changements climatiques. L’action basée uniquement sur le nationalisme, avec pour objectif de « placer mon pays avant tous les autres » atteint alors ses limites car, a-t-il souligné, le climat ne connaît aucune frontière. Et la sonnette d’alarme a rarement retenti autant que pendant l’été 2018, dans pratiquement toutes les régions du monde.
M. Maas a souhaité que le Conseil de sécurité accorde une plus grande priorité à l’impact dévastateur des changements climatiques sur la sécurité et la stabilité des pays et des régions. Un saut qualitatif doit également être fait dans le domaine de la consolidation de la paix après les conflits, a-t-il enchaîné. Et l’Allemagne contribuera au moins 25 millions d’euros au Fonds de consolidation pour la paix cette année. Le Ministre a ensuite fait observer que les Casques bleus ne pourront véritablement apporter la paix que lorsque les mesures militaires seront intégrées dans une stratégie politique claire, pour ensuite souligner que le succès des missions dépend de l’appui politique que leur accordent les États Membres.
Notant par ailleurs que, « même dans les guerres il y a des limites », le Ministre a salué le fait que l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) ait été autorisée à trouver et identifier les responsables d’attaques à l’arme chimique.
À cet égard, la Cour pénale internationale demeure indispensable car elle envoie un message fort aux victimes et aux auteurs que la justice prévaudra. Avant de terminer, M. Maas a salué l’heureuse issue des négociations sur le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières. C’est une victoire du multilatéralisme. C’est un succès réalisé par des nations vraiment unies, s’est-il félicité.
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