Déclaration
Résumé
Pour M. CHARLES MICHEL, Premier Ministre de la Belgique, la seule voie qui offre l’espoir d’un avenir meilleur pour toute l’humanité c’est la coopération et le dialogue. Elle permet de répondre aux « replis revanchards », aux tensions économiques, et aux actions unilatérales qui peuvent entraîner l’irrémédiable. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, il a fallu de la clairvoyance et du courage pour apporter l’ébauche d’un ordre international fondé sur des règles, et conceptualiser l’émergence de l’Union européenne. Depuis, l’Union européenne a connu une période de paix et de prospérité, a noté le Premier Ministre, rappelant que l’Union est le fruit d’un dialogue inlassable fondé sur une ambition qui « dépasse de loin la simple addition des intérêts nationaux », une ambition qui a su reconnaître que l’état de droit et la démocratie sont les remparts contre l’arbitraire ainsi que les meilleurs garants pour concrétiser les droits de chaque personne parce qu’ils sont aussi le refus de l’impunité.
« Le multilatéralisme n’est pas un concept creux vide de sens », mais plutôt la coopération, la négociation et la bataille des idées et des arguments plutôt que des armes, a martelé le Premier Ministre. « Qui ici peut croire que l’addition de 193 intérêts nationaux produirait comme par miracle une réponse à nos défis communs? » a-t-il lancé, affirmant qu’il s’agit là d’une illusion, tout comme la « main invisible » du marché qui produirait la croissance et la prospérité pour tous. Le capitalisme, s’est-il expliqué, a besoin de règles et le multilatéralisme aussi. Le Premier Ministre a regretté que les accords internationaux puissent être jetés unilatéralement « aux orties », comme l’Accord de Paris et celui sur le nucléaire iranien. L’histoire a toujours montré que la loi du plus fort ne protège personne. Les négociations avec l’Iran ont été longues et il a fallu le courage de tous. Cet Accord n’est pas parfait puisqu’il ne couvre pas le programme balistique iranien, mais ne faut-il pas plutôt ouvrir de nouvelles négociations multilatérales pour l’améliorer que de le rejeter alors que jusqu’ici l’Iran a respecté ses engagements?
Depuis 70 ans, l’ONU travaille de manière obstinée à l’amélioration d’un monde basé sur un socle commun de valeurs universelles. Notre Organisation dispose d’un incommensurable potentiel, a estimé le Premier Ministre, saluant au passage l’action du Secrétaire général. La Belgique, a-t-il dit, s’est engagée tout au long de son histoire à œuvrer pour la paix et à privilégier le consensus, une approche qu’elle souhaite maintenir à son entrée au Conseil de sécurité en tant que membre non permanent. Elle entend agir pour la sécurité collective et la prospérité de la planète, en favorisant la diplomatie et les mécanismes d’alerte précoce pour anticiper les crises et conflits potentiels. Abordant ensuite la question des opérations de maintien de la paix, le Premier Ministre a rappelé qu’elles devaient toujours s’inscrire dans un cadre politique crédible. Chaque mission doit être évaluée régulièrement à l’aune de la concrétisation de la solution politique « au sens noble du terme », a-t-il estimé.
Vivre ensemble en paix et en harmonie, représente au Proche et au Moyen-Orient un enjeu existentiel, a noté le Premier Ministre qui « ne peut tolérer que des régions entières soient le terrain de jeu de puissances extérieures ». Il a regretté que le processus de paix israélo-palestinien, 25 ans après les Accords d’Oslo, soit au point mort, et a réitéré le soutien de la Belgique à la solution des deux États. La Belgique, a-t-il promis, restera mobilisée en faveur des efforts de non-prolifération, de l’économie numérique et de la révolution de l’intelligence artificielle qui apportent leur lot de craintes mais qui surtout offrent de nouvelles opportunités pour un monde meilleur à condition de les mettre au service de tous, a poursuivi M. Michel. Il a également vanté les mérites du libre-échange et du commerce, affirmant que « le commerce est la prospérité, la prospérité, la paix », avant de se féliciter du récent accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada.
Dans la même veine, il a proposé un nouveau partenariat euro-africain. Rappelant qu’avant 2050 le continent africain devrait compter 2,5 milliards d’habitants, il plaidé pour un partenariat plus ambitieux, « pour une alliance sacrée Afrique-Europe » qui se traduirait par des investissements, le commerce et les emplois dans les deux continents. « Guérissons les blessures du passé et osons renoncer à la charité qui donne bonne conscience mais apporte son lot d’humiliation », a souhaité le Premier Ministre pour lequel il est possible, en 10 ans, de créer un accord de prospérité inégalée à travers un accord de libre-échange entre les deux continents. Il a également appelé à la mobilisation générale et à l’appropriation du Programme de développement durable à l’horizon 2030, « parce que le compte à rebours est enclenché et ses résultats sont indispensables ». À cet égard il s’est impatienté face à « l’entêtement de certains à nier la réalité des changements climatiques qui est du même ordre, à ses yeux, que l’entêtement de ceux qui niait que la Terre était ronde ». Les catastrophes naturelles se succèdent toujours plus meurtrières et leurs conséquences risquent d’aggraver les conflits, a-t-il averti. Face à ce défi existentiel pour nos enfants, nous avons une responsabilité partagée, a-t-il tranché.
Abordant ensuite la question des migrations, il a estimé qu’il ne s’agit pas « d’être pour ou contre un phénomène inéluctable », mais de le gérer de manière ordonnée, à commencer par retirer les migrations des « griffes des passeurs » et éviter les pièges des populistes d’extrême gauche et d’extrême droite. C’est dans cet esprit que la Belgique signera, à Marrakech, le pacte mondial pour les migrations. En conclusion, le Premier Ministre a martelé que la paix est notre bien le plus précieux. Elle exige du courage et de la vigilance à chaque instant. Il faut que le devoir de mémoire serve notre lucidité pour être à la hauteur des défis de ce siècle qu’aucun pays ne peut surmonter seul.
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