Déclaration
Résumé
Au vu des catastrophes naturelles et environnementales survenues ces dernières 24 heures dans mon pays et à travers le monde, a déclaré Mme MIA AMOR MOTTLEY, Première Ministre de la Barbade, il m’est tout simplement impossible de prononcer ici le discours que j’avais initialement prévu et qui portait sur tout sauf sur ce qui nous intéresse au premier chef dans les Caraïbes, à savoir les changements climatiques.
À combien de discours, justement, devrons-nous assister et combien de déclarations de bonnes intentions nous faudra-t-il entendre avant de prendre enfin les mesures qui s’imposent pour mettre fin aux changements climatiques? s’est interrogée Mme Mottley. Car seules des mesures drastiques, a-t-elle poursuivi, permettront d’éviter les tempêtes comme celle qui vient de frapper mon pays hier ou encore la montée inexorable des eaux qui, à terme, risque de faire disparaître non seulement la Barbade, mais également tous les autres États insulaires des Caraïbes et d’ailleurs.
Certains souhaiteraient sans doute, a présumé Mme Mottley, que je parle aujourd’hui de dénucléarisation, de maladies chroniques non transmissibles ou encore des difficultés d’accès au financement international pour les pays à revenu intermédiaire. « Nous parlerons de tout cela dans d’autres enceintes », a promis la Premier Ministre.
L’heure est venue à l’action collective pour sauver notre planète, a-t-elle affirmé, expliquant que les mesures unilatérales de petits pays comme le sien ne suffiraient pas à infléchir le cours actuel. À quoi sert-il d’interdire les sacs plastiques à usage unique, comme la Barbade vient tout juste de le décider, si le monde n’est pas prêt à dégager les financements nécessaires pour nous y aider? s’est-elle scandalisée. « En tant que petit État, nous sommes habitués depuis trop longtemps à être traités comme si nous n’existions pas », a déploré la Première Ministre. Comme s’il était possible de faire une croix sur toute une région et de bloquer son accès aux échanges commerciaux, aux biens et aux services, s’est-elle encore insurgée. Nous ne sommes pas des « lépreux » que l’on peut isoler comme durant les siècles précédents, a affirmé la dirigeante de la Barbade. « Nous sommes des États souverains! » a-t-elle martelé, rejetant un monde moderne où des États puissants réduiraient les autres en « servage ».
Mme Mottley a ensuite déploré la suppression d’aides de l’ONU à sa région, sans lesquelles, a-t-elle signalé, le pays n’aurait pas été en mesure de réduire la mortalité infantile et l’extrême pauvreté comme il l’a fait. L’ONU est importante, a-t-elle ajouté, car « elle protège les petits contre les grands ». Or, a-t-elle demandé, quand le multilatéralisme sera mis à bas, que nous restera-t-il, ou adresserons-nous nos doléances?
Année après année, a regretté la Première Ministre, nous venons ici et appelons à mettre fin à l’embargo contre Cuba ou à certains différends territoriaux. « Mais il n’y a pas d’avancée », a-t-elle constaté. Cette tendance est peut-être valable pour d’autres sujets, a déclaré Mme Mottley, mais pas pour les changements climatiques. « C’est une question de vie ou de mort pour nous! » a-t-elle insisté.
Pour la dirigeante, le nationalisme et la xénophobie n’ont conduit à rien d’autre qu’à deux guerres mondiales et à la bombe atomique. « Certes, ces guerres ont aussi permis de donner naissance aux Nations Unies », a-t-elle concédé, mais le monde doit désormais réfléchir collectivement.
Concrètement, la Premier Ministre a estimé que tenter de maintenir la montée des températures en dessous de 2 degrés ne suffisait pas. « Deux degrés, c’est trop », a-t-elle affirmé, appelant la communauté internationale à se fixer pour objectif de ne pas dépasser 1,5 degrés. L’Organisation, a conclu Mme Mottley, doit prendre conscience que 2020 est dans à peine 15 mois et que « nous aurons alors atteint un point de nous retour ».
Déclaration complète
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Sessions antérieures
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