Déclaration
Résumé
M. SERGEY LAVROV, Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a rappelé qu’en 2016 l’Assemblée générale avait adopté une résolution portant sur un ordre international véritablement démocratique, libre d’ingérence dans les affaires intérieures des États. Il a dénoncé les États qui tentent d’imposer leur système politique et leurs valeurs aux autres pays, croyant détenir la vérité dans tous les domaines. Il a plaidé pour le respect du principe de souveraineté dans les affaires internationales, fondement des affaires étrangères des États-Unis, rappelant que cela avait été souligné depuis la tribune par le Président américain Donald Trump, « une position à laquelle tous les pays peuvent souscrire ».
Au cours des 25 dernières années, la Fédération de Russie a tout fait pour liquider les vestiges de la guerre froide. Cependant, les partenaires occidentaux ne l’ont pas fait, a-t-il dénoncé, et se complaisent dans un sentiment de supériorité fondé. Il a accusé l’OTAN de refuser d’appliquer dans la pratique les principes d’équité dans la sécurité internationale, faisant passer ses propres intérêts devant tous les autres. L’Occident croit que ceux qui ne sont pas avec lui sont contre lui, et il est malheureux qu’il mette en application cette pratique aux affaires internationales, a-t-il déploré.
Se tournant vers l’Ukraine, le Ministre Lavrov a affirmé que le Gouvernement ukrainien ne respecte toujours par les accords de Minsk et se refuse à les mettre en œuvre, ajoutant que Kiev continue ses actions militaires dans l’est de l’Ukraine en toute impunité. La Fédération de Russie, pour sa part, compte poursuivre son travail constructif pour faire appliquer pleinement les accords de Minsk. M. Lavrov a rappelé la proposition du Président Putin de mettre sur pied une force de maintien de la paix pour protéger les travailleurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) au Donbass, précisant qu’une résolution allant dans ce sens sera présentée au Conseil de sécurité prochainement. Nous comptons sur une approche constructive, sans jeu à somme nulle de la part des partenaires américains et européens, afin d’appliquer les accords de Minsk et ramener la paix dans cette région, a dit le Ministre.
Il faut combattre le retour des idéologies fascistes et nazies et l’extrémisme islamiste, a poursuivi M. Lavrov, dénonçant au passage la destruction, en Europe, de monuments érigés à la mémoire des héros de la Seconde Guerre mondiale et dont l’action a conduit à la fondation de l’ONU. La Fédération de Russie compte prendre des mesures pour faire interdire ce genre de pratique, a-t-il prévenu.
Le règlement solide des différends n’est possible que par le dialogue entre les parties au conflit, a continué M. Lavrov, pour qui l’adoption de mesures unilatérales par l’Occident est contre-productive. M. Lavrov a notamment dénoncé les restrictions extraterritoriales imposées par les États-Unis contre l’Iran ainsi que le blocus américain contre Cuba, dont la levée, a-t-il fait observer, est demandée par la presque totalité des États Membres de l’Assemblée générale depuis des décennies.
En ce qui concerne la République populaire démocratique de Corée (RPDC), il a souligné que, si les résolutions et les sanctions adoptées par le Conseil de sécurité doivent être respectées, elles supposent également le retour aux négociations et au dialogue, et non la répétition de menaces qui, a-t-il averti, peuvent avoir des conséquences catastrophiques. Il a invité à cet effet les parties prenantes à se joindre à la feuille de route proposée par la Fédération de Russie et la Chine le 4 juillet dernier, et à la reprise du dialogue. Le Ministre a également parlé de la situation au Venezuela, jugeant inacceptable de s’ingérer dans les affaires intérieures de ce pays sous prétexte d’y imposer un ordre démocratique. Il faut plutôt entreprendre des négociations constructives reposant sur un véritable dialogue, a-t-il dit.
Poursuivant son intervention, M. Lavrov a estimé que, malgré le recul enregistré par Daech en Syrie, il importe de poursuivre le dialogue afin de mettre un terme à ce conflit, soulignant au passage ne pas comprendre la raison pour laquelle la coalition menée par les États-Unis protège les terroristes du groupe el-Nosra. Il s’est félicité du rôle joué par la Fédération de Russie, avec la collaboration de la Turquie et de l’Iran, dans la création de quatre zones de désescalade en Syrie, appelant par ailleurs à un règlement rapide du problème du terrorisme dans ce pays et au rétablissement de son unité territoriale. En outre, a déclaré M. Lavrov, tout emploi de l’arme chimique doit faire l’objet d’une enquête crédible, sans intervention extérieure dans les affaires de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC).
Quant à la question israélo-palestinienne, le Ministre a apporté son soutien à l’initiative de paix arabe et aux efforts menés par l’Égypte, avec la participation de la Ligue des États arabes et du Quatuor. L’absence d’accord dans le conflit israélo-palestinien continue de favoriser le terrorisme et l’extrémisme, a-t-il déploré.
Le Ministre a en outre félicité le Secrétaire général de l’ONU pour les réformes entreprises dans la lutte contre le terrorisme et s’est félicité de la nomination d’un citoyen russe à la tête du Bureau de lutte contre le terrorisme de l’ONU, ce qui montre, a-t-il ajouté, l’engagement de la Russie sur cette question. Il s’est par ailleurs dit favorable à un monde sans armes nucléaires, réaffirmant son soutien au Traité sur l’interdiction complète des armes nucléaires, mais s’est opposé aux initiatives actuelles qui, ignorant le contexte contemporain, font plutôt reculer l’atteinte de cet objectif. Il s’est aussi dit en désaccord avec la « militarisation » des communications informatiques, tout en appuyant la lutte contre la cybercriminalité.
Concluant son intervention, M. Lavrov s’est dit favorable à la nouvelle tendance à un ordre mondial polycentrique qui favorise les échanges internationaux, invitant les États à s’y adapter et, pour certains, à s’abstenir de se comporter en maîtres du monde. Il a plaidé pour le pluralisme politique et la primauté du droit, vantant l’implication de la Fédération de Russie dans nombre d’organisations internationales. Pour conclure, il a plaidé pour l’unité des êtres humains et l’équilibre entre les États dans la recherche d’intérêts communs, conditions d’une vraie démocratisation des affaires internationales.
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