Déclaration
Résumé
M. GASTON ALPHONSO BROWNE, Premier Ministre d’Antigua-et-Barbuda, a rappelé que le 6 septembre, les deux îles formant son pays ont été victimes de l’ouragan Irma, la plus large tempête qui ait frappé l’Atlantique. Notre pays a été décimé et toute sa population laissée sans domicile tandis que les immeubles ont été réduits en coquilles vides, a-t-il témoigné. Il a dit qu’ayant vécu les ravages de l’ouragan Irma à Antigua-et-Barbuda, son cœur saigne quand il pense aux populations des pays qui viennent d’être touchés par l’ouragan Maria, et à celles qui vont vivre son passage dans les prochains jours.
Le Premier Ministre a décrit les ravages infligés à son pays par l’ouragan Irma. Face à un ouragan de 375 miles de diamètre et à des vents soufflant à 220 miles à heure, l’île de Barbuda n’avaient aucune chance de faire face à une telle férocité. L’île a été complètement détruite et, aujourd’hui, pour la première fois depuis 300ans, Barbuda n’a pas d’habitant permanent. L’empreinte d’une civilisation entière a été émasculée par la brutalité et la magnitude d’Irma, a déploré M. Browne, expliquant que les habitants avaient été contraints de laisser tout ce qui les définissait comme société et comme peuple.
Heureusement, la plus grande des deux îles du pays, dénommée Antigua, a été relativement épargnée, mais sa population a augmenté de 3% du jour au lendemain et ses services sociaux subissent à présent une forte pression.
Il a expliqué que l’île de Barbuda reste impropre à toute vie humaine, car il n’y a ni électricité, ni eau potable et 95% des immeubles ont été détruits ou sévèrement endommagés. Les coûts de reconstruction sont chiffrés à 250 millions de dollars, ce qui représente 15% du produit national brut (PNB) du pays. « C’est hors de notre portée », a-t-il reconnu en appelant à une assistance internationale urgente pour la reconstruction de Barbuda. « Barbuda n’est pas seulement un désastre naturel, c’est également une crise humanitaire qui consume en ce moment l’île voisine d’Antigua », a-t-il affirmé.
M. Browne a ensuite remercié les États qui ont déjà apporté une assistance à son pays, notamment le Venezuela. Il a également expliqué que plus le temps de relèvement est lent, plus les conditions sur le terrain se détériorent et les coûts augmentent, ce qui impose au Gouvernement de faire des emprunts sur les marchés financiers à des taux très élevés, accentuant ainsi le poids de la dette nationale « déjà considérable ». Le Premier Ministre a en outre fait le parallèle entre ces ouragans et les changements climatiques, faisant observer que les 14 pays des Caraïbes produisent à peine 0,1% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Ils sont « les moins pollueurs mais pourtant les plus grands victimes », a-t-il dénoncé.
Poursuivant, le Premier Ministre a indiqué que pour bâtir des infrastructures plus résilientes, il faut des fonds, mais que malheureusement, les pays comme Antigua-et-Barbuda n’ont pas accès à des prêts concessionnels car ils sont considérés comme des pays à revenu intermédiaire. Il a déploré le classement des pays sur la base de leur produit national brut, appelant l’abolition immédiate de cette méthode. Il a en outre expliqué qu’un nombre limité de résidents de ces pays, notamment des investisseurs étrangers, détiennent la plupart des revenus produits sur ces îles, alors que la majorité de la population vit avec des revenus bas.
« Mon pays et ses citoyens ne veulent pas quémander pour vivre », a-t-il assuré, mais plutôt travailler pour gagner leur vie. Or cela n’est pas possible si le système international leur refuse les moyens et les outils de construction de leur avenir. « L’accès aux prêts concessionnels est un impératif », a-t-il martelé, en soulignant que cela va les sortir de la spirale de la dette.
Où est donc la justice si les pays les plus riches empruntent à un taux d’intérêt de 3% quand les petits États insulaires le font plutôt à un taux de 12% par an pour reconstruire sans cesse les infrastructures détruites après le passage d’ouragans? Où est la justice? M. Browne a ensuite souligné que, malgré la situation de crise que connaît Antigua-et-Barbuda, le Club de Paris, formé par des pays riches, lui demande de régler une dette de 130 millions de dollars, un prêt vieux de 40 ans, effectué à une époque où les prêts concessionnels lui étaient déjà impossibles. Il a indiqué que ce serait réduire un poids pour Antigua-et-Barbuda si cette dette était effacée, ou, à défaut, réduite significativement dans un contexte où le pays doit trouver 250 millions de dollars pour sa reconstruction.
Le Premier Ministre a aussi rappelé que son pays avait obtenu gain de cause, en 2004, dans un litige commercial contre les États-Unis porté devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Et depuis lors, les États-Unis n’ont pas toujours payé le dédommagement de 200 millions de dollars auquel ils sont astreints, alors que, dans le même temps, ce pays gagne des milliards de dollars chaque année dans ses échanges commerciaux avec Antigua-et Barbuda.
Il a conclu en affirmant que son gouvernement est engagé à reconstruire Antigua-et-Barbuda, quel que soit le temps que cela prendra, et quelles que soient les ressources qui seront disponibles.
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