Déclaration
Résumé
M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, a déclaré à l’entame de la soixante et onzième session de l’Assemblée générale de l’ONU, sa dernière en tant que Chef de l’Organisation, qu’il était plus convaincu que jamais, 10 ans après sa prise de fonctions, de la capacité de la communauté internationale de mettre fin aux conflits, à l’extrême pauvreté, aux persécutions et au fossé entre les riches et les pauvres.
M. Ban a en effet indiqué que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et l’Accord de Paris sur le climat, tous deux conclus l’an dernier, étaient des outils adaptés pour faire face aux défis de notre temps. À ce titre, le Chef du Secrétariat de l’ONU a exhorté les chefs d’État et de gouvernement à tout faire pour que l’Accord de Paris entre en vigueur dans les plus brefs délais, rappelant que, pour ce faire, 26 pays ne représentant que 15% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde doivent ratifier le document.
Toutefois, le Secrétaire général a déclaré que le monde était sous le coup d’autres menaces importantes, précisant, entre autres, que les conflits sont devenus de plus en plus longs et complexes, que les sociétés sont au bord de l’implosion du fait de la mauvaise gouvernance et que la radicalisation et l’extrémisme violent menacent la cohésion sociale. « Les conséquences tragiques se font voir du Yémen à la Libye, en passant par l’Iraq, l’Afghanistan, le Sahel et le bassin du Lac Tchad », a-t-il ajouté.
S’agissant tout particulièrement du conflit en Syrie, M. Ban a rappelé qu’il n’existait pas de solution militaire à cette crise, rejetant dos à dos le Gouvernement et les groupes armés, qui continuent de tuer sans égard les civils innocents. Il a condamné l’attaque « écœurante, sauvage et apparemment délibérée » de la veille contre un convoi de l’ONU et du Croissant-Rouge arabe syrien à l’ouest d’Alep. Il a noté que l’Organisation a été contrainte de suspendre les convois d’aide humanitaire dans la région en raison de cet incident. Pour mettre fin au massacre en Syrie, M. Ban a appelé à une transition politique.
S’agissant de la situation au Moyen-Orient, le Secrétaire général a regretté que, bien que la Palestine ait « levé fièrement » son drapeau au Siège de l’ONU, il y a un an, la perspective d’une solution à deux États s’éloigne un peu plus chaque jour. « Remplacer la solution à deux États par l’édification d’un seul État serait voué à l’échec: cela reviendrait à nier le droit des Palestiniens à la liberté et à un futur légitime, tout en écartant de plus en plus Israël de sa vision d’une démocratie juive au profit d’un isolationnisme global croissant », a-t-il dit.
Abordant la question de la République populaire démocratique de Corée, le Secrétaire général a déploré le cinquième essai nucléaire mené par le pays et a exhorté ses dirigeants à changer de cap et à honorer leurs obligations envers leur peuple et la communauté internationale.
M. Ban a également évoqué la situation en Ukraine, où la violence a créé de nouvelles tensions en Europe. S’agissant du Soudan du Sud, les dirigeants ont « trahi leur peuple », a tranché le Secrétaire général.
Malgré ces situations alarmantes, le Secrétaire général s’est félicité des progrès réalisés hier lors du Sommet sur les déplacements massifs de réfugiés et migrants. « La Déclaration de New York est un pas dans la bonne direction pour sauver des vies et protéger les droits de millions de personnes », a-t-il affirmé, tout en rejetant les stigmatisations et stéréotypes à l’encontre des réfugiés et des migrants, notamment les Musulmans.
Le Secrétaire général a par ailleurs appelé à d’autres d’efforts dans le domaine de la prévention des conflits et a appelé au renforcement des opérations de paix. À ce titre, M. Ban a noté avec satisfaction que son Plan d’action pour la prévention de l’extrémisme violent a été soutenu par l’Assemblée générale. Il a également noté que la transition politique au Myanmar est entrée dans une « phase prometteuse » et qu’au Sri Lanka, les efforts pour panser les plaies se sont intensifiés. « Lundi prochain, je me rendrai en Colombie pour la signature d’un accord de paix qui mettra fin à l’un des plus longs conflits au monde », a-t-il également mentionné.
Le Secrétaire a tenu, d’autre part, à exprimer ses regrets au sujet de « deux situations qui ont terni la réputation de l’Organisation », à commencer par « les actes odieux d’exploitation et de violence sexuelles » commis par certains soldats de la paix et d’autres membres du personnel des Nations Unies déployés sur le terrain. « Deuxièmement, Haïti a accumulé les épreuves: peu après un tremblement de terre dévastateur, le pays a été frappé par une épidémie de choléra », a déclaré M. Ban, ajoutant que l’ONU était fermement résolue à s’« acquitter durablement de cette responsabilité morale ».
Le Secrétaire général a par ailleurs mentionné des progrès accomplis au cours de ses deux mandats dans le domaine de la défense des droits de la femme, de l’éducation et de la santé, avec notamment l’éradication de la polio et l’essor de la scolarisation des enfants.
Concernant l’Organisation, M. Ban a souligné la nécessité d’améliorer son processus de prise de décisions. « Trop souvent, j’ai vu des actions essentielles et des bonnes idées bloquées par le Conseil de sécurité ou à l’Assemblée générale », a-t-il déploré. Pour y remédier, le Chef du Secrétariat de l’ONU a appelé son futur successeur à créer un Groupe d’experts de haut niveau pour trouver des solutions pratiques pour améliorer le processus de prise de décisions.
« Un monde parfait est peut-être encore loin. Mais la route vers un monde meilleur, un monde plus sûr, un monde plus juste, est en chacun de nous. Après 10 ans, je sais qu’ensemble, unis, nous pouvons y arriver », a conclu M. Ban.
Déclaration complète
Lire la déclaration complète, en PDF.
Photo
Sessions antérieures
Accéder aux déclarations faites lors des débats généraux des années passées.