Déclaration
Résumé
M. ALEXIS TSIPRAS, Premier Ministre de la Grèce, a déclaré que le plus grand défi qui se pose aujourd’hui à la communauté des Nations était de nature « existentielle »: faut-il garder les mêmes recettes de l’exclusion sociale, de la fragmentation politique et de l’agression économique ou reprendre en main notre destin, avec confiance mais aussi avec la faculté d’apprendre de nos erreurs. Comme tant d’autres pays, a-t-il dit, la Grèce été frappée durement par la crise économique de 2008, en raison des faiblesses structurelles de son économie, du niveau de sa dette et de ses déficits budgétaires. « Pourtant, la recette néolibérale que nous avons été sommés, avec d’autres pays, d’appliquer, s’est soldée par un coût social dévastateur et a contribué à aggraver la crise économique et fiscale, au lieu d’y mettre fin », a tranché le Chef de Gouvernement, qui a fait état d’une perte de 25% du PNB et d’une montée en flèche du ratio dette/PNB, qui est désormais à 180%. Le taux de chômage ayant atteint les 27%, l’exode des jeunes diplômés dans le reste de l’Europe se poursuit, a déploré le dignitaire.
Face à des pays déterminés et à leur idée que la Grèce devait quitter la zone Euro et que les réformes institutionnelles et structurelles devaient être conjuguées à des mesures d’austérité et à la baisse des salaires, la Grèce, après des mois de négociations, a rappelé son Premier Ministre, a accepté un nouveau programme de stabilisation comprenant des réformes de l’administration publique, du système des pensions et des impôts. « Malheureusement, ce programme impose des mesures qui pèsent sur la société et l’économie », a-t-il regretté. Ces mesures auraient dû être évitées, a-t-il estimé. Nous devions et devons toujours lutter étape par étape pour faire valoir un agenda de la croissance plutôt qu’un agenda de l’austérité.
Cette situation doit vous être familière, a dit le Premier Ministre en regardant l’assemblée. Combien de fois depuis les années 70, les pays du monde développés et plus tard du monde en développement ont fait face aux mêmes problèmes? Ce qu’il faut, a préconisé le Premier Ministre, c’est un système économique et financier orienté vers le renforcement de stratégies nationales de croissance et le Programme de développement durable à l’horizon 2030. Nous devons discuter de la question de la restructuration de la dette et de son lien avec la croissance et pas des stratégies d’austérité.
La Grèce, a poursuivi le Chef de gouvernement tout juste réélu, est en première ligne d’une autre crise européenne, celle des migrants, 300 000 d’entre eux étant entrés depuis le début de l’année dans le pays, principalement en provenance de Syrie, d’Iran et d’Afghanistan, avec pour objectif de se rendre dans des pays d’Europe occidentale. Comme d’autres pays européens, la Grèce s’est retrouvée démunie mais elle a fait preuve de solidarité à l’égard de ces nouveaux arrivants, en coopération avec l’Union européenne et d’autres organisations internationales, a souligné M. Tsipras. « Nous ne pouvons croire que l’avenir de l’Europe et du monde soit fait de murs toujours plus haut et d’enfants qui viennent mourir à nos portes », a-t-il déclaré.
Il a aussi défendu l’idée d’établir un mécanisme onusien de réinstallation des réfugiés se trouvant dans les pays voisins de la Syrie. Pour la Grèce, un danger supplémentaire est sa situation géographique au sein d’un « triangle de déstabilisation », avec l’Ukraine au Nord et les conflits en Libye et au Moyen-Orient, au Sud-Ouest et au Sud-Est. Il a par ailleurs demandé un règlement juste, acceptable et global de la situation à Chypre, au bénéfice des communautés grecques et turques. Dans ce contexte, a ajouté le Premier Ministre, la Grèce s’emploie aussi à améliorer la coopération avec la Turquie par la promotion du dialogue et le renforcement des mesures de confiance mutuelle, a indiqué M. Tsipras.
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