Déclaration
Résumé
M. HAILEMARIAM DESSALEGN, Premier Ministre de l’Éthiopie et Président en exercice de l’Union africaine, s’est dit honoré d’avoir accueilli le Sommet spécial des chefs d’État et de gouvernement africains à l’occasion du cinquantième anniversaire de l’Union africaine à Addis-Abeba, le 25 mai dernier. Il a dit souhaiter que ce jubilé soit célébré tout au long de la soixante-huitième session de l’Assemblée générale, en mettant l’accent sur les relations entre l’ONU et l’Union africaine. Compte tenu du fait que les pays africains représentent désormais l’un des plus grands groupes au sein de l’Assemblée générale, il a salué l’étroite collaboration qui existe aujourd’hui entre l’ONU et l’Union africaine, ainsi qu’avec d’autres mécanismes régionaux africains. Ce partenariat a beaucoup évolué au cours des 50 dernières années, a-t-il noté, avant d’estimer que cette coopération pouvait toutefois être davantage améliorée, à la lumière de l’évolution tant en Afrique que sur la scène internationale. Ainsi, M. Dessalegn a recommandé d’adopter une approche flexible et innovante pour interpréter le Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies, ce qui permettrait d’améliorer ce partenariat avec pour objectif de confronter les défis communs.
L’Afrique connaît désormais une baisse du nombre des conflits, une meilleure gouvernance démocratique et une forte croissance économique ainsi qu’une classe moyenne en expansion. Cette nouvelle réalité explique, selon lui, le nouvel intérêt porté à l’Afrique par le reste du monde. « Le XXIe siècle sera le siècle de l’Afrique si nous harmonisons nos efforts pour maintenir et accélérer cette croissance économique », a déclaré M. Dessalegn, qui s’est dit convaincu qu’une « renaissance africaine » est possible. Cela demande évidemment des transformations structurelles qui doivent s’inscrire dans le programme de développement de l’après-2015 de l’Afrique. À cet égard, il a rappelé qu’une Commission de haut niveau de chefs d’État et de gouvernement africains avait été mise en place pour définir une position commune et galvaniser le soutien international pour veiller à ce que les succès dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) soient durables et que les priorités de développement de l’Afrique pour l’après-2015 soient pleinement prises en compte. Comme l’avait souligné le Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique des Nations Unies, « ce dont l’Afrique a besoin ce sont des transformations structurelles et non pas des ajustements structurels », a-t-il dit. Le programme de développement pour l’après-2015 doit précisément permettre de réaliser cet objectif par le biais de l’éradication de la pauvreté et du développement durable, a-t-il estimé. M. Dessalegn a indiqué que les investissements en faveur de l’industrialisation de l’Afrique devraient favoriser le commerce intra-africain et son intégration régionale.
Conscient du fait que les aspirations du développement africain ne peuvent se faire sans la paix durable et sans sécurité, M. Dessalegn a assuré que des efforts importants étaient déployés pour combattre les causes profondes des conflits qui frappent le continent. Parmi les nouvelles causes de conflit, il a identifié la tendance au mécontentement populaire. L’Union africaine apporte son soutien à l’Égypte dans un esprit de solidarité africaine, a-t-il précisé, en ajoutant qu’elle en fait de même à l’égard de la Tunisie pour l’aider à assurer une transition politique couronnée de succès grâce à l’adoption d’une nouvelle constitution et de l’organisation d’élections.
L’Union africaine se félicite du succès des élections récentes au Mali, qui ouvrent la voie au retour à l’ordre constitutionnel. Elle est déterminée à rester aux côtés du Mali dans sa marche vers une paix durable, la sécurité et le développement. Abordant également la situation humanitaire et sécuritaire en République centrafricaine, le Président Dessalegn a réitéré l’appel de l’Union africaine aux Nations Unies pour qu’elles apportent un soutien pluridimensionnel à la Mission internationale de soutien à la République centrafricaine, qui est dirigée par l’Afrique (AFISM-CAR), qui va y être déployée pour protéger les civils et restaurer la sécurité et l’ordre public. Il a également fait part de sa préoccupation face à l’escalade des tensions en République démocratique du Congo qui représentent une véritable menace pour la région des Grands Lacs. Pour lui, toute solution durable passe par la finalisation des pourparlers de paix entre le Gouvernement congolais et l’opposition armée sous les auspices de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs.
Sur un autre plan, M. Dessalegn a rappelé l’engagement pris en Afrique de combattre l’impunité et de promouvoir la démocratie, l’état de droit et la bonne gouvernance, comme le consacre l’acte constitutif de l’Union africaine. Il a affirmé que des actions audacieuses avaient été prises récemment en ce sens, en regrettant cependant la manière dont la Cour pénale internationale a agi à l’égard de l’Afrique. « Plutôt que de promouvoir la justice, et la réconciliation et contribuer à la paix et à la sécurité, la CPI est devenue un instrument politique qui vise l’Afrique et les Africains », a-t-il dénoncé, en estimant que cela était inacceptable. Il a également regretté que le Conseil de sécurité n’ait pas donné suite à la demande de l’Union africaine de renvoyer les poursuites engagées contre le Président Al-Bashir, ni à celle concernant les enquêtes et poursuites engagées par la CPI à la suite des violences postélectorales au Kenya en 2008 devant des mécanismes nationaux compétents afin qu’elle respecte le principe de complémentarité consacré par le Statut de Rome. Le Conseil de sécurité, a-t-il insisté, doit donner suite à ces requêtes.
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