Déclaration
Résumé
Dans un discours intitulé « Le veto aux tyrans », ELIO DI RUPO, Premier Ministre de la Belgique, a rappelé que c’est à Ypres, en Belgique, que les armes chimiques avaient été utilisées pour la première fois pendant la Première Guerre mondiale. « D’Ypres à Damas, l’Histoire du Monde est une Histoire commune ». Tous réunis ici, nous devons faire preuve d’autant de courage que les femmes et les hommes qui se battent dans la rue pour leur liberté et pour leur dignité, a exhorté M. Di Rupo, expliquant qu’au sein des Nations Unies, on disposait de « tout pour agir alors que ceux qui luttent n’ont souvent que leur courage pour subsister ».
« S’il faut mettre un veto, c’est un veto aux tyrans et à leurs crimes ». La paix est une responsabilité collective et il n’existe pas d’autre voie que le multilatéralisme pour améliorer les conditions de l’humanité. C’est ce qui motive l’engagement politique, financier et parfois militaire de la Belgique, quinzième contributeur financier de l’ONU. La Belgique adhère également au principe de la « responsabilité de protéger » et organisera en 2014 une conférence internationale sur la prévention des génocides.
« Quand nous agissons ensemble, nous obtenons des résultats », a déclaré M. Di Rupo, en invoquant pour preuve le Mali, même s’il est conscient « que tout n’est jamais définitivement acquis ». Pour que la paix soit durable, elle doit être continuellement nourrie. Il a salué les efforts récents de la communauté internationale en République démocratique du Congo (RDC) où le mandat renforcé de la MONUSCO donne des premiers résultats et où l’Accord-cadre d’Addis-Abeba offre une réelle perspective de stabilisation de la région toute entière. Toutefois, un accord à Kampala est essentiel pour le processus, a-t-il averti, en expliquant que des solutions pragmatiques devaient être trouvées, sans pour autant accepter une amnistie générale ni admettre l’impunité, en ce qui concerne les crimes de guerre ou crimes contre l’humanité. De plus, l’intégrité territoriale de la RDC doit être respectée et toute ingérence externe doit cesser.
Rappelant qu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, « nous avons inscrit, dans notre Charte, les principes et les mécanismes pour mettre notre humanité à l’abri des guerres dévastatrices », M. Di Rupo a appelé à ces mécanismes et a exhorté chacun à prendre ses responsabilités au sein du Conseil de sécurité pour rétablir la paix partout là où des conflits font rage. Pour lui, dans le monde globalisé d’aujourd’hui, les solutions aux conflits ne peuvent être que politiques. C’est pourquoi, la Belgique soutient les efforts de Lakhdar Brahimi, Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie et salue l’initiative américano-russe en vue d’une Conférence de Genève II.
Pour M. Di Rupo, pratiquer la justice et garantir la paix passe par le respect du droit, notamment du droit humanitaire en situation de conflits et la lutte contre l’impunité. La Belgique fait partie des 56 autres États qui ont demandé le renvoi du dossier syrien à la Cour pénale internationale. L’action de la Cour contribue à l’avènement d’une époque de la responsabilité. Le droit doit permettre de sortir de la dictature et de l’oppression. À cet égard, il a expliqué qu’il ne faisait pas partie de ceux qui aujourd’hui se détournent de l’espoir suscité par le printemps arabe. « N’oublions pas en Tunisie, en Libye, en Égypte et ailleurs, toutes celles et ceux qui veulent vivre en paix. Nous devons les soutenir et promouvoir l’organisation d’élections libres et les encourager à rédiger des constitutions qui garantissent les droits fondamentaux, la justice et l’équité », a déclaré le Premier Ministre qui a également insisté sur le fait que le droit doit permettre de garantir les libertés individuelles.
Abordant la situation israélo-palestinienne, il a appelé à saisir l’opportunité offerte par « nos amis américains » pour parvenir à une solution fondée sur la coexistence de deux États, indépendants et coexistant dans la paix et la sécurité. Il s’est clairement prononcé contre la poursuite de la colonisation et a annoncé que la Belgique était prête à accueillir une conférence visant à assurer le soutien des partenaires économiques privés au processus de paix. Toutefois un volet économique ne peut se concevoir que s’il existe un volet politique et un calendrier concret, a-t-il précisé.
Pour ce qui est de l’espionnage et de la cybercriminalité, il a demandé si, au nom de la sécurité et de la lutte contre le terrorisme, on pouvait bafouer le droit à la protection de la vie privée. À titre personnel, M. Di Rupo a soutenu l’appel de Mme la Présidente du Brésil pour protéger la vie privée des citoyens partout et en particulier sur Internet. Elle avait en effet proposé un cadre multilatéral pour assurer la protection effective des données qui circulent sur Internet, a-t-il rappelé, ajoutant que l’Internet ne devait pas être un « instrument de guerre invisible », mais un instrument de développement pour tous.
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