Déclaration
Résumé
M. EDGARD LEBLANC, Président du Conseil présidentiel de transition d’Haïti, a déclaré que son peuple, malgré les épreuves auxquelles il est confronté –une violence dévastatrice, une instabilité politique persistante, une précarité quasi générale et une pauvreté dégradante– refuse de se laisser submerger par le désespoir. La création du Conseil présidentiel de transition matérialise cette volonté d’aller de l’avant, a-t-il affirmé. Réunissant des organisations de la société civile et toutes les tendances politiques du pays, cet organe incarne la pluralité de la société haïtienne, avec une feuille de route claire: restaurer la sécurité publique, organiser des élections libres et transparentes à la fin de l’année 2025, et rétablir la confiance dans les institutions de l’État. S’il est de notre devoir, en tant que nation souveraine, de prendre en main notre destin et de surmonter les divisions, cette responsabilité n’incombe pas seulement à nous, a-t-il cependant observé. « La communauté internationale, l’ONU, les puissances étrangères qui ont souvent joué un rôle décisif dans l’histoire d’Haïti ont également un rôle essentiel à jouer dans ce processus. »
Au nom du peuple haïtien, M. Leblanc a tenu à « saluer fraternellement tous les amis d’Haïti qui ont fait preuve de solidarité envers les migrants de notre pays, en particulier ceux résidant à Springfield, dans l’Ohio, aux États-Unis ». La longue histoire d’amitié et de solidarité réciproque entre nos deux nations, depuis notre participation à la bataille de Savannah en 1779, nous permet de dire avec confiance que le peuple américain rejette toute incitation à la haine contre notre communauté, a-t-il assuré. La participation active des immigrés haïtiens à différents niveaux de la vie des États-Unis est tangible et significative.
Aujourd’hui, Haïti fait face à une crise sécuritaire d’une gravité sans précédent, avec la montée en puissance des gangs armés, la violence généralisée et l’instabilité politique. Cinquante pour cent des effectifs des gangs de la région de la capitale sont formés d’enfants et d’adolescents -filles et garçons, s’est alarmé M. Leblanc. Le rétablissement de la sécurité nationale, a-t-il indiqué, est donc une priorité absolue pour les autorités haïtiennes. Raison pour laquelle il s’est félicité de la décision du Conseil de sécurité d’autoriser le déploiement de la Mission multinationale d’appui à la sécurité. Avec son appui, les forces de sécurité nationales ont déjà montré des résultats tangibles, même s’il reste beaucoup à faire.
Haïti a accueilli plusieurs missions des Nations Unies au cours des trois dernières décennies, notamment la MINUSTAH, a rappelé M. Leblanc. « Si certaines ont contribué à stabiliser temporairement le pays, elles ont également laissé un héritage lourd de conséquences. » Des allégations de violations graves des droits humains, y compris d’abus sexuels, ont ébranlé la confiance du peuple haïtien et l’absence de poursuites et de réparations pour les victimes a renforcé un sentiment d’impunité, a-t-il reconnu, minant ainsi les efforts de reconstruction. « Nous avons aujourd’hui l’opportunité de redorer le blason des missions internationales en Haïti. » C’est dans cet esprit que nous souhaitons voir amorcer une réflexion sur la transformation de la Mission d’appui à la sécurité actuellement déployée en une Mission d’opération de maintien de la paix sous mandat de l’ONU, a-t-il plaidé. Une transformation qui permettrait à la fois de sécuriser un financement plus stable et d’élargir les capacités de la Mission, mais également de renforcer l’engagement des États Membres en faveur de la sécurité en Haïti.
En 1825, a rappelé le Président du Conseil de transition, à peine 21 ans après avoir gagné sa liberté au prix d’une lutte héroïque, Haïti a été contrainte de payer une dette colossale à la France, pays colonisateur, en échange de la reconnaissance de son indépendance. Cette « rançon imposée sous la menace » a siphonné les ressources de la jeune nation, la plongeant dans un cycle infernal d’appauvrissement dont elle peine toujours à sortir. Aussi M. Leblanc a-t-il demandé la reconnaissance d’une « dette morale et historique » et la mise en œuvre de réparations justes et appropriées pour permettre à son peuple de « se libérer des chaînes invisibles de ce passé injuste ».
Malgré les épreuves auxquelles il est confronté, le peuple haïtien refuse de se laisser submerger par le désespoir, a déclaré jeudi le Président du Conseil présidentiel de transition d’Haïti à la tribune de l’Assemblée générale des Nations Unies, citant la violence, l’instabilité politique, la précarité et la pauvreté qui sévissent dans ce pays des Caraïbes.
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