Déclaration
Résumé
M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire généralde l’ONU, a dédié ses premières pensées aux milliers de personnes qui, à Derna, en Libye, ont perdu la vie dans des inondations sans précédent, victimes du chaos climatique, d’années de conflit et de dirigeants qui n’ont pas réussi à trouver le chemin de la paix. À ses yeux, Derna est un « triste instantané de l’état de notre monde », fait d’iniquité, d’injustice et d’incapacité à relever les défis. De fait, a relevé le Chef de l’ONU, face aux tensions géopolitiques qui s’accentuent et aux défis mondiaux qui se multiplient, « nous semblons incapables de nous rassembler pour répondre ». Il a constaté que nous nous dirigeons désormais vers un monde multipolaire, notant que cette évolution peut être positive pour la justice et l’équilibre dans les relations internationales. « Mais la multipolarité ne peut à elle seule garantir la paix », a-t-il mis en garde.
Face à la menace d’une grande fracture dans les systèmes économiques et financiers et dans les relations commerciales, il est grand temps, a-t-il dit, de renouveler les institutions multilatérales sur la base des réalités économiques et politiques du XXIe siècle. « Cela signifie réformer le Conseil de sécurité en fonction du monde d’aujourd’hui », a-t-il souligné, soutenant que « l’alternative à la réforme n’est pas le statu quo » mais « une fragmentation accrue ». Alors que les divisions se creusent au sein des pays, que la démocratie est menacée, que l’autoritarisme est en marche, que les inégalités s’accentuent et que les discours de haine se multiplient, notre monde a besoin d’un « sens politique », a-t-il affirmé, avant de réitérer son appel lancé au G20 en faveur d’un « compromis mondial ».
Cela commence par la détermination à respecter l’engagement de paix énoncé dans la Charte des Nations Unies, a poursuivi le Secrétaire général, pour qui la recrudescence des conflits, des coups d’État et du chaos crée un monde d’insécurité pour tous. Dénonçant les « horreurs » déclenchées par l’invasion de l’Ukraine par la Russie, il a rappelé que cette guerre a de graves conséquences pour l’ensemble de la communauté internationale. Nous devons explorer toutes les voies possibles pour alléger les souffrances des civils en Ukraine et au-delà, a-t-il plaidé, non sans relever que l’Initiative de la mer Noire était « l’une de ces pistes ».
Le Chef de l’ONU a ensuite constaté que, partout dans le monde, d’anciennes tensions s’enveniment et de nouveaux risques émergent, évoquant notamment les crises et conflits en cours au Sahel, au Soudan, dans l’est de la République démocratique du Congo, en Haïti, en Afghanistan, au Myanmar et au Moyen-Orient. Face à ces crises croissantes, le système humanitaire mondial est au bord de l’effondrement, a-t-il alerté, exhortant tous les pays à financer l’Appel humanitaire mondial car « si nous ne nourrissons pas ceux qui ont faim, nous alimentons les conflits ». Il a également fait savoir que l’ONU soumet à l’examen des États Membres des idées pour un Nouvel Agenda pour la paix. Il s’agit, a-t-il détaillé, de réaffirmer l’engagement en faveur d’un monde exempt d’armes nucléaires, de renforcer la prévention aux niveaux mondial et national, de placer le leadership des femmes au centre des prises de décisions, de rendre le maintien de la paix plus agile et plus adaptable, mais aussi de soutenir les opérations de paix menées par les organisations régionales, notamment l’Union africaine, avec des mandats du Conseil de sécurité et un financement prévisible.
Favorable à une réforme profonde de l’architecture financière internationale « dysfonctionnelle, dépassée et injuste », le Secrétaire général a également appelé à faire progresser le plan de relance des objectifs de développement durable (ODD) de 500 milliards de dollars par an, en allégeant le fardeau financier des économies en développement et émergentes, en intensifiant le financement du développement et du climat, et en garantissant des mécanismes efficaces d’allégement de la dette. Mais la priorité reste, selon lui, de s’attaquer à la menace des changements climatiques. Mais face à cette menace, les actions sont extrêmement insuffisantes, s’est indigné le Chef de l’ONU, pour qui il est encore temps de maintenir la hausse des températures dans la limite de 1,5 degré fixée par l’Accord de Paris.
Dans le prolongement de son Pacte de solidarité climatique, M. Guterres a notamment appelé à la fin du charbon d’ici à 2030 pour les pays de l’OCDE et d’ici à 2040 pour le reste du monde; à la fin des subventions aux combustibles fossiles et à la fixation d’un prix sur le carbone; à la fourniture par les pays développés de 100 milliards de dollars pour l’action climatique des pays en développement, « comme promis »; au doublement du financement de l’adaptation d’ici à 2025 et à la reconstitution du Fonds vert pour le climat.
Poursuivant, M. Guterres a constaté qu’à travers le monde, les femmes voient leurs droits, y compris les droits sexuels et reproductifs, réduits voire supprimés, et leurs libertés restreintes, et a applaudi celles qui défient le patriarcat. « Je suis à leurs côtés », a-t-il dit en français. Il a exhorté les gouvernements à adopter et appliquer des lois visant à protéger les personnes vulnérables, à cesser de cibler les minorités et à placer les droits et la dignité humaine au cœur de leurs politiques sociales, économiques et migratoires. De même, face aux menaces que font peser les nouvelles technologies sur les droits humains, il a plaidé pour l’élaboration d’un Pacte numérique mondial et fait savoir qu’il nommera ce mois-ci un organe consultatif de haut niveau sur l’intelligence artificielle. Avant de conclure, il a signalé que, grâce aux ressources et moyens mobilisés par l’ONU, le contenu du superpétrolier Safer, en décomposition au large du Yémen, a été transféré avec succès le mois dernier, ce qui a « sauvé la mer Rouge ». La détermination de l’ONU a permis d’accomplir le travail, s’est-il félicité, assurant que, malgré la longue liste des défis mondiaux, « ce même esprit de détermination peut nous guider ».
A l’ouverture du débat général annuel de l’Assemblée générale des Nations Unies, mardi, au Siège de l’Organisation à New York, le Secrétaire Général de l’ONU, António Guterres, a estimé qu’il était « grand temps de renouveler les institutions multilatérales » pour affronter les défis du 21ème siècle.
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