Déclaration
Résumé
M. MOHAMED BAZOUM, Président du Niger, s’est inquiété des « preuves alarmantes » apportées par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), qui montrent que des points de bascule majeurs avaient peut-être déjà été atteints, voire dépassés. Il a constaté que le dérèglement climatique exposait le continent africain à l’aggravation de l’insécurité alimentaire, au déplacement de populations et à des sécheresses récurrentes. En vue de la COP27 qui aura lieu en Égypte en novembre, M. Bazoum s’est dit attaché à la proposition des négociateurs africains d’un nouvel objectif de 1 300 milliards de dollars de flux financiers d’ici à 2025 pour mieux faire face aux défis climatiques. Il a souligné que la situation était particulièrement alarmante au Sahel et que le Niger accordait une attention particulière à l’initiative africaine de Grande muraille verte, qui s’inscrit dans le cadre de l’Agenda 2063 de l’Union africaine.
Constatant que la situation sécuritaire du Niger s’était considérablement dégradée ces dernières années, le Président a détaillé la progression du terrorisme dans la région. Depuis la chute du régime libyen en 2011, l’absence de pouvoir stable a entraîné la création d’une plateforme du crime organisé transnational dans le sud du pays, déstabilisant l’ensemble du Sahel et de son voisinage. Le Mali a succombé à cette violence générée à partir de la Libye et, selon lui, ne s’en est jamais véritablement remis, devenant à son tour un foyer d’incubation d’un terrorisme caractéristique d’un Sahel profondément affecté par les effets des changements climatiques sur l’élevage pastoral. Un « écosystème de la violence », où les jeunes bergers des communautés les plus affectées par le dérèglement climatique succombent à un « effet d’aubaine » et développent des vocations terroristes, s’est mis en place, s’est-il inquiété. Et le fléau s’est propagé vers le Niger et le Burkina Faso et tente désormais de s’étendre vers les pays du golfe de Guinée, faisant chuter au passage les gouvernements démocratiquement élus du Mali en 2020 et du Burkina Faso en 2022. Dans ce contexte, M. Bazoum a estimé que la résilience de son pays prouvait que la voie la plus sûre pour conjurer les effets de la violence terroriste était de renforcer la démocratie. Il a aussi insisté sur le besoin de renforcer les moyens de l’armée nigérienne et salué le soutien de la France, à travers l’opération Barkhane, ainsi que des États-Unis, de l’Allemagne et des autres pays engagés aux côtés du Niger. Il a cependant dénoncé les « grandes lacunes » de la communauté internationales en matière de lutte contre les trafics transsahariens de drogue et d’armes, via la Libye, qui bénéficient aux groupes terroristes.
Le Président a ensuite noté que les défis de développement du Niger se résumaient en quelques statistiques démographiques, notamment un indice de fécondité de sept enfants par femme et un âge de première maternité inférieur à 15 ans pour la moitié des Nigériennes. Estimant que ces données traduisaient la « faillite du système éducatif », notamment la difficulté d’accès des filles à ce dernier, il a souligné la volonté du pays de développer les infrastructures scolaires et d’améliorer la formation des enseignants. M. Bazoum a souligné que le dérèglement climatique et la poussée démographique étaient les deux phénomènes structurels qui avaient, à la faveur de la crise libyenne, entraîné « la situation de chaos » qui affectait actuellement le Sahel et contre lesquels il convenait de lutter.
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