Déclaration
Résumé
M. OLAF SCHOLZ, Chancelier de la République fédérale d’Allemagne, a rappelé que voici 50 ans, presque jour pour jour, deux États allemands rejoignaient l’ONU: la défunte République démocratique allemande et la République fédérale d’Allemagne. Cette étape historique revêt encore aujourd’hui une grande importance pour les Allemands. L’adhésion a en effet offert à son pays, « auteur de guerres terribles et de crimes atroces », la possibilité de réintégrer la famille des peuples pacifiques. Ce retour a été précédé d’une « politique visionnaire de détente », qui avait pour objectif de « combler les fossés de la guerre froide », comme l’a formulé un précédent Chancelier, lauréat du prix Nobel de la paix, Willy Brandt. L’une des conditions pour l’Allemagne était le renoncement à toute forme de révisionnisme -en reconnaissant comme inviolables ses nouvelles frontières créées après la Seconde Guerre mondiale. À l’époque, s’est souvenu M. Scholz, cette décision avait été rejetée par de nombreux citoyens d’Allemagne fédérale. « Avec le recul, elle s’est avérée être la bonne. »
S’il est revenu sur les débuts de l’adhésion allemande, a précisé M. Scholz, ce n’est pas seulement par intérêt historique, mais parce que l’interdiction du recours à la force constitue toujours la promesse centrale de l’ONU. Seule cette institution -sur la base des valeurs incarnées dans la Charte- résout pleinement l’exigence de représentation universelle et d’égalité souveraine entre tous. Cela ne vaut ni pour le G7 ou le G20 -aussi importants soient-ils pour la concertation mondiale- ni pour les pays du groupe BRICS ou d’autres groupes, a‑t‑il commenté. Certains argumentent face à cela que l’ONU est trop souvent impuissante, paralysée par les antagonismes de ses membres. À ceux-là, le Chancelier a répondu que le blocage de quelques-uns -aussi influents soient-ils- ne doit pas masquer que la très grande majorité des États sont d’accord sur beaucoup de choses. « Nous voulons tous, presque tous, que la violence reste un instrument politique proscrit », a‑t‑il affirmé.
S’agissant des changements climatiques d’origine humaine, les pays industrialisés classiques ont une responsabilité particulière dans la lutte contre la crise climatique, a reconnu le dirigeant. Parallèlement, de nombreux autres pays comptent aujourd’hui parmi les plus gros émetteurs. Au lieu d’attendre que les autres agissent, M. Scholz a appelé à en faire plus pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris. L’Allemagne fait sa part en matière de financement international pour le climat. De 2 milliards d’euros en 2014 à 4 milliards d’euros en 2020, le pays a encore augmenté sa contribution l’an dernier, qui a atteint 6 milliards d’euros, « tenant sa parole ». Les pays industrialisés dans leur ensemble font de même, puisqu’ils atteindront sans doute cette année pour la première fois leur objectif de 100 milliards d’euros pour le financement international du climat: un signal important, qui n’a que trop tardé.
Un autre défi, selon le Chancelier, est de savoir comment mettre l’innovation et le progrès technologique au service de l’humanité tout entière. L’intelligence artificielle, par exemple, recèle de grandes opportunités; dans le même temps, elle peut cimenter la division du monde si seuls certains en profitent, si les algorithmes ne prennent en compte qu’une partie de la réalité, si l’accès est limité aux pays les plus riches. C’est pourquoi l’Allemagne encourage vivement les échanges sur le pacte numérique mondial, un cadre où l’utilisation éventuelle de l’intelligence artificielle générative comme arme devrait être débattu.
Concernant la composition du Conseil de sécurité, M. Scholz s’est réjoui que de plus en plus de partenaires -dont trois des membres permanents- aient déclaré vouloir progresser sur la question de la réforme. « Il est clair que l’Afrique doit avoir plus de poids, tout comme l’Asie et l’Amérique latine », a‑t‑il estimé. Dans cette optique, il est possible de négocier un texte avec différentes options. Aucun pays ne devrait bloquer de telles négociations ouvertes. L’Allemagne ne le fait pas non plus. En fin de compte, c’est à l’Assemblée générale de décider d’une réforme du Conseil de sécurité: d’ici-là, l’Allemagne souhaite prendre ses responsabilités en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité de l’ONU. Le Chancelier a enfin rendu hommage aux Ukrainiens luttant pour leur vie, leur liberté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de leur pays. Il a dénoncé la guerre d’agression de la Fédération de Russie, qui non seulement plonge l’Ukraine dans une grande souffrance, mais entrave aussi les citoyens du monde entier, du fait de l’inflation, de l’endettement croissant, de la pénurie d’engrais, de la faim et de la pauvreté croissantes entraînées par cette guerre.
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