Déclaration
Résumé
M. RECEP TAYYIP ERDOĞAN, Président de la Türkiye, a placé son discours sous les auspices de la solidarité, qu’il a invoquée à plusieurs reprises comme la condition du règlement des conflits dans le monde. Il a d’abord déclaré que la principale leçon tirée de la pandémie de COVID- 19 était précisément que c’est la solidarité qui a permis de venir en aide collectivement aux personnes dans le besoin, la Türkiye ayant fourni une aide humanitaire et sanitaire à 161 pays, et réussi à mettre au point son propre vaccin. En guise de gages de la détermination de son pays à engager tous les efforts nécessaires pour inverser des tendances potentiellement cataclysmiques pour la planète, M. Erdoğan a rappelé la ratification turque de l’Accord de Paris sur le climat, signe selon lui d’une volonté d’être aux avant-postes de la lutte contre les changements climatiques.
Le Président turc a ensuite axé sa déclaration sur les questions de sécurité internationale et régionale. La crise ukrainienne ayant provoqué une vague de chocs économiques qui impactent le bien-être social de millions d’êtres humains, la Türkiye, qui a toujours considéré le secteur énergétique comme un secteur de coopération et non de concurrence, a lancé de nombreux projets pour que soit assuré l’approvisionnement en énergie dans les mois à venir, a-t-il noté.
La Türkiye est une force de médiation dans la crise entre la Russie et l’Ukraine, convaincue que la guerre ne pourra jamais triompher, a souligné M. Erdoğan, ajoutant que les initiatives diplomatiques menées par son pays aux côtés de l’ONU visent à rallier les parties à la cause de la paix et faciliter l’atteinte d’un règlement du différend « une fois pour toutes ». Concernant l’Initiative céréalière de la mer Noire, M. Erdoğan l’a qualifiée de primordiale pour garantir la poursuite des exportations chaque jour plus importantes dans un contexte préoccupant d’envolée des prix. L’Initiative est une réalisation majeure de l’ONU au cours de la décennie écoulée, n’a-t-il pas hésité à affirmer, considérant qu’elle avait redonné à la communauté internationale confiance dans l’utilité pour le monde de l’Organisation des Nations Unies.
S’agissant du fonctionnement de cette dernière, le Président turc a souligné l’importance de l’avènement d’une ONU inclusive, capable d’imaginer un ordre mondial plus équitable et représentant la volonté commune de tous les peuples du monde. À ce propos, il a exhorté le Conseil de sécurité à se réformer pour être en mesure de réaliser les objectifs de paix et de sécurité internationale consacrés par la Charte des Nations Unies. Il a demandé à l’Assemblée générale de se rappeler que la politique étrangère de son pays a toujours eu des objectifs pacifiques, les efforts de médiation et de facilitation qu’il mène activement, sous l’égide de l’ONU, pour régler les conflits sur tous les continents, en témoignent sans conteste. Y compris dans notre région, nous nous efforçons de contribuer aux solutions et pas aux problèmes, a-t-il dit.
Sur les questions de sécurité régionale, M. Erdoğan a plaidé pour une solution pacifique au conflit syrien « dans le cadre de la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité », faute de quoi ce conflit s’éternisera, menaçant durablement l’intégrité territoriale de ce pays et la sécurité de la région. Après avoir demandé instamment au Conseil la prorogation du mécanisme humanitaire transfrontalier, il s’est appesanti sur la situation des plus de deux millions de réfugiés syriens accueillis en Türkiye depuis 2011. Nous mettons tout en œuvre pour que nos frères et sœurs syriens rentrent dans leur pays dans la paix et la sécurité, a-t-il assuré, évoquant, photo à l’appui, la construction de milliers de maisons de briques dans différentes régions syriennes pour qu’ils puissent s’y installer en famille. La communauté internationale doit soutenir ces projets humanitaires d’envergure, a-t-il demandé.
Poursuivant sur la question des réfugiés, M. Erdoğan a insisté sur le fait qu’elle ne saurait être résolue en dressant des murs aux frontières ou en rejetant à la mer des migrants. Sur ce dernier point, il a fustigé la Grèce, l’accusant de conduire une politique cruelle envers les migrants en mer Égée et en Méditerranée orientale, où, a-t-il soutenu, là encore en présentant une photo, des enfants ont péri car les garde-côtes grecs ont fait couler le bateau sur lequel ils se trouvaient. Pour lui, l’Europe et l’ONU doivent demander que cessent ces crimes contre l’humanité. Les pays qui lancent des incursions dans notre région ont perdu la raison, a-t-il encore accusé, exhortant la Grèce à abandonner sa politique de provocations et de conflit et à être réceptive « à nos appels au dialogue en vue de garantir la stabilité en mer Égée et en Méditerranée orientale ».
M. Erdoğan a affirmé qu’à Chypre vivent deux États et deux différentes nations, « ce qui doit être accepté par tous ». Appelant à la reconnaissance des droits des Chypriotes turcs, « dont il faut accepter le statut international », il a demandé qu’il soit mis fin sans délais aux sanctions internationales qui les visent. La Grèce persécute les minorités musulmanes turques, bafouant ce faisant leurs obligations juridiques, a encore accusé le Président turc, qui a invité l’Union européenne à davantage de bienveillance à l’égard de cette communauté. Par ailleurs, il a réitéré les appels de son pays à la libération immédiate et sans condition « des territoires occupés de l’Azerbaïdjan ». La Türkiye soutient pleinement tous les processus de paix entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan et ne peut par conséquent que déplorer les affrontements récents qui obscurcissent les avancées vers la paix obtenues de haute lutte, a-t-il assuré, avant d’insister sur le fait que son pays serait toujours aux côtés « de nos frères et sœurs d’Azerbaïdjan pour qu’ils puissent vivre dans la paix et la sécurité ». Le Président turc a également fait référence au sort des musulmans rohingya du Myanmar, demandant qu’ils puissent rentrer chez eux, et aux musulmans ouïghours.
Solidarité: le mot est revenu dans la conclusion du Président Erdoğan pour qualifier la relation entre l’Union européenne et la Türkiye. Nous sommes membre de l’OTAN depuis 70 ans et notre puissance militaire ainsi que notre diplomatie ont contribué en maintes occasions au maintien de la sécurité et de la stabilité sur le continent européen, a- t- il ainsi dit. Enfin, se disant convaincu que la principale menace à la concorde entre les hommes est le refus de coexister « les uns avec les autres », il a renouvelé sa proposition de faire du 15 mai une journée mondiale de lutte contre l’islamophobie, en commémoration de l’attaque terroriste de deux mosquées à Christchurch en Nouvelle-Zélande, qui avait fait 51 morts le 15 mars 2019.
Déclaration complète
Lire la déclaration complète, en PDF.
Photo
Sessions antérieures
Accéder aux déclarations faites lors des débats généraux des années passées.