Déclaration
Résumé
M. KYRIAKOS MITSOTAKIS, Premier Ministre de la Grèce, a observé qu’après des mois de souffrances et de perturbations dues à la pandémie de COVID-19, « un espoir renaît de la coopération ». Saluant le « miracle scientifique collectif » que constitue la découverte et la production de vaccins contre cette maladie, il s’est félicité que l’Europe ait « ouvert la voie » tant en matière d’approvisionnement aux États Membres que de dons à des pays extérieurs à l’Union européenne (UE), notamment via le Mécanisme COVAX. De plus, a relevé le Chef du Gouvernement grec, un plan de relance budgétaire sans précédent a été décidé par l’UE, ce qui entraîne une reprise économique soutenue à travers le continent. Cette riposte a prouvé que, lorsque le monde avait besoin de se tenir debout et solidaire, il pouvait faire face à des problèmes véritablement mondiaux, a-t-il souligné, estimant à moins de six semaines de la COP26 à Glasgow que « notre réponse collective à la crise climatique doit faire de même ».
À cet égard, M. Mitsotakis a noté que l’écosystème méditerranéen est particulièrement sensible aux conséquences de la hausse des températures et que son pays n’est « bien sûr pas à l’abri », comme l’ont rappelé les méga-incendies de forêt de l’été dernier. Exprimant sa reconnaissance aux 23 pays qui ont aidé Athènes à faire face à ce phénomène naturel, il s’est réjoui que vendredi dernier, aux côtés de la Grèce, les dirigeants de huit autres pays méditerranéens aient fait de la crise climatique le point central du huitième sommet annuel de l’EuroMed. Il a ajouté que, face à la crise climatique, son pays a décidé d’avancer à 2025 la fermeture de toutes ses usines de production d’électricité alimentées au lignite. La Grèce investit en outre dans la transition verte et se préoccupe de la pollution plastique sur terre et en mer. Elle prévoit par ailleurs de transformer 10% de son espace maritime en zone protégée d’ici à 2030, a dit le Premier Ministre.
Évoquant ensuite la complexité croissante des relations internationales, le Premier Ministre a fait état de points de vue divergents entre son pays et la Turquie. Après avoir rappelé que la Charte de l’ONU interdit l’usage ou la menace de la force, il a regretté que, depuis 1995, la Grèce soit confrontée à une « menace formelle, régulièrement renouvelée et clairement illégale et inacceptable » de recours à la force par la Turquie. En tant que puissance maritime, nous sommes pleinement attachés au droit de la mer, a-t-il fait valoir, indiquant que son pays a récemment signé des accords de délimitation maritime avec l’Italie et l’Égypte, tout en convenant avec l’Albanie de renvoyer un litige devant la Cour internationale de Justice. C’est cet état d’esprit qui définit notre approche de la Turquie, a assuré M. Mitsotakis, avant de déplorer que l’an dernier, Ankara ait « inutilement soulevé des tensions », menaçant d’un affrontement entre deux alliés de l’OTAN. À ses yeux, cette « attitude agressive » compromet les perspectives d’une relation mutuellement bénéfique et met en péril la sécurité et la stabilité régionales, tout en compliquant les relations de la Turquie avec l’Europe. Plutôt que de livrer des « batailles du siècle dernier », nous devrions unir nos forces et coopérer contre de nouveaux « ennemis communs » tels que les changements climatiques et la crise migratoire illégale, a plaidé le Premier Ministre.
Il s’est en revanche déclaré « moins optimiste » sur la question de Chypre, jugeant regrettable que la Turquie continue d’ignorer les résolutions de l’ONU et d’insister sur la militarisation de l’île. Malgré les violations répétées d’Ankara, notamment concernant la zone clôturée de Varosha, la Grèce reste pleinement engagée à soutenir les efforts de l’ONU en faveur d’une reprise, dès que possible, des négociations sur un règlement viable de la question chypriote, a-t-il assuré, ajoutant que cette solution ne peut être trouvée que sur la base des résolutions du Conseil de sécurité. « Toute discussion concernant une solution à deux États est tout simplement inacceptable », a martelé le Premier Ministre, avant d’aborder une autre crise « dans notre voisinage immédiat », celle de la Libye en proie à une guerre civile depuis 10 ans. Le peuple libyen mérite un avenir pacifique, « libre de la présence de troupes étrangères, de mercenaires et de combattants étrangers », et doit pouvoir élire librement son propre gouvernement, sans intervention étrangère, a-t-il plaidé. « Nous les soutenons », a-t-il affirmé. Enfin, après avoir souhaité que le prochain sommet UE-Balkans fasse progresser l’intégration européenne, il a plaidé pour une « autonomie stratégique » de l’Europe. Selon lui, loin de nuire aux liens transatlantiques, une Union européenne de la défense « renforcera l’OTAN ». De fait, a-t-il dit avant de conclure, nos intérêts stratégiques en Méditerranée orientale, au Moyen-Orient et au Sahel nous obligent à relever ce défi avec un « sentiment d’urgence renouvelé ». « Car il y aura des missions où l’OTAN et l’ONU ne seront pas présentes, mais où l’UE devrait l’être. »
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