Déclaration
Résumé
M. FRANK-WALTER STEINMEIER, Président de la République fédérale d’Allemagne, a tout d’abord rappelé que son pays était en pleine transition politique, des élections pour élire un nouveau parlement et le successeur de la Chancelière étant prévues ce dimanche. Il a ensuite estimé que la situation internationale « donne à réfléchir », la chute de Kaboul ayant marqué un tournant. Malgré d’immenses efforts et investissements, nous n’avons pas été capable d’établir un ordre politique autonome en Afghanistan, a-t-il regretté. Appelant à tirer les leçons de cet échec, il a estimé que ce moment de « désenchantement politique » appelle à être « plus honnête, plus intelligent et plus fort ». Le dirigeant a tout d’abord invité à se montrer plus réaliste lors de la définition et de la priorisation des objectifs, et « plus intelligent » dans l’établissement des priorités. La politique étrangère de l’Allemagne et de l’Europe ne peut pas se limiter à « avoir raison et condamner les autres », a-t-il estimé, appelant à plus d’ouverture pour trouver un terrain d’entente, « même avec ceux différents de nous ».
Il a aussi appelé à se renforcer en termes de moyens, précisant qu’en ces temps incertains, l’Allemagne investit davantage dans ses capacités de défense. Cependant, « la force militaire sans le courage de forger une entente et de s’engager dans la diplomatie ne rend pas le monde plus pacifique », a insisté le dirigeant pour qui les États-Unis, la Chine et la Russie ont une responsabilité particulière à assumer envers les États plus petits. « Les Nations Unies ne sont pas un ring de boxe dépourvu de valeurs à la disposition des puissances mondiales. »
Le Président a ensuite appelé les Européens, dont les Allemands, à faire davantage pour leur propre sécurité et pour la paix dans la région et dans le monde, en citant la Libye, l’Ukraine et le Moyen-Orient. Nous avons besoin d’une politique commune étrangère et de sécurité forte, a-t-il estimé. Seule une Europe forte peut à la fois chercher à coopérer avec la Chine lorsque la coopération est dans l’intérêt des deux parties et nécessaire, et en même temps exiger d’elle le respect des droits humains. Notant en outre que les États-Unis étaient en train d’établir des priorités nouvelles et différentes, il a martelé qu’aucun avantage à court terme ne méritait de créer des fissures dans l’unité transatlantique.
Poursuivant sur les menaces liées à la crise climatique, le dirigeant a notamment rappelé les inondations dévastatrices en Allemagne durant l’été, qui ont coûté la vie à près de 200 personnes. Dans ce contexte, le recul vers des égoïsmes nationaux nous vole notre avenir en commun, a-t-il lancé. Il a exhorté les États Membres à prendre « ensemble » des « décisions fortes » à Glasgow, appelant à combler le fossé « trop large » entre les objectifs ambitieux affichés et les stratégies concrètes pour lutter contre les changements climatiques. « Nous ne pouvons pas échouer, car c’est l’avenir de l’humanité qui est en jeu! » s’est-il exclamé.
Le Président a ensuite reconnu qu’aucun système politique n’est parfait que ce soit en Europe, en Amérique ou ailleurs, et a estimé qu’on ne peut donc ni les exporter, ni les imposer. Il a souligné que la démocratie n’est pas un instrument occidental de pouvoir politique, mais un « projet ouvert » pour la liberté et la dignité humaine. « La puissance de tir de l’armée la plus puissante a une fin mais l’attrait de la démocratie dans le cœur des gens demeure », a conclu M. Steinmeier.