Déclaration
Résumé
Mme THERESA MAY, Première Ministre du Royaume-Uni, a rendu un hommage appuyé à l’ancien Secrétaire général Kofi Annan, avant de dénombrer les très nombreux progrès réalisés au cours de ces dernières décennies, notamment pour réduire la faim dans le monde et les conflits. Pour autant, a-t-elle déploré, la fin de la guerre froide n’a pas entraîné la suprématie des démocraties libérales. Elle a constaté au contraire la remise en cause de la foi dans le libre-échange, l’immense anxiété face à l’ampleur des changements technologiques, ainsi que les déplacements de masse des populations à travers les frontières qui entraînent la montée des nationalismes.
« Ceux qui croient en des sociétés ouvertes ont un devoir de rétablir la confiance en elles. » Sans une confiance dans les démocraties, il ne sera pas aisé de pouvoir agir, a-t-elle argué. « Nous avons vu à quoi mène l’extrême droite et l’extrême gauche au cours du siècle dernier: elles détruisent la paix entre les nations », a constaté Mme May en faisant remarquer ces mêmes tendances actuellement, notamment en Europe. « Or, nous savons ce qui se passe quand des oligarchies corrompues volent les ressources de leurs citoyens, lorsque les craintes et les incertitudes prennent le pouvoir. » Elle a accusé des États comme la Russie de violer les normes internationales: « ils n’hésitent pas à empoisonner dans les rues de Londres et ils envahissent un pays frontalier en contradiction des règles internationales », s’est-elle insurgée.
Pour lutter contre cela, la Première Ministre a estimé qu’il fallait des États-nations forts, qui soient responsables à l’égard de leurs citoyens. La coopération et la concurrence ne sont pas contradictoires, a-t-elle affirmé. « Ce n’est que par la coopération mondiale que nous pourrons répondre aux défis mondiaux », a-t-elle recommandé en citant la coopération en matière de changement climatique.
« Ici aujourd’hui, en tant que Présidente du Bureau du Commonwealth, je tiens à réaffirmer ma volonté de travailler main dans la main pour répondre aux défis mondiaux. Cet engagement tient compte des pays les moins avancés. Mais cela ne suffit pas, il faut aussi agir pour montrer que nous pouvons reconnaitre la légitimité des peuples. »
Mme May a appelé à faire respecter l’ordre international pour répondre à ceux qui estiment que l’économie mondiale ne travaille pas pour eux, qui ont peur que leurs enfants et petits-enfants n’aient pas accès au marché du travail. « Au Royaume-Uni, nous investissons dans les techniques de l’avenir, comme l’intelligence artificielle ou les entreprises à faible empreinte carbone. Nous devons faire en sorte que notre économie soit au service de nos citoyens et nous devons faire de même au niveau international. »
Pour la Première Ministre, il faut conférer à l’OMC un mandat de réforme et rétablir la confiance dans un système qui est essentiel pour éviter le retour du protectionnisme. C’est pourquoi le Royaume-Uni dépense 0,7% de son budget pour le développement; c’est la meilleure façon de lutter contre le protectionnisme, a-t-elle déclaré. Elle a enchaîné en plaidant en faveur de sociétés inclusives, ouvertes à tous, « le meilleur moyen pour lutter contre les nationalismes ». Elle a fait valoir que dans les démocraties, les fondamentaux sont partout les mêmes: des élections libres, des médias libres, l’égalité, la liberté de culte et de conscience; tout cela se trouve dans la Déclaration universelle des droits de l’homme.
De plus, « il faut dénoncer les discours de haine dès que nous les entendons ». « Je n’apprécie pas toujours ce que les médias de mon pays disent de moi ou de mon action » a-t-elle témoigné, « mais je défendrais toujours cette liberté ». La décision du Royaume-Uni de sortir de l’Union européenne n’est pas un rejet des autres mais correspond à une demande que les décisions soient prises au niveau national, a-t-elle tenu à préciser.
La Première Ministre a ensuite demandé de ne pas laisser notre incapacité agir. « Lorsque le régime syrien a utilisé des armes chimiques contre son peuple, les États-Unis, le Royaume-Uni et la France ont agi; et lorsque la Russie a utilisé un poison innervant dans les rues de Londres, nous avons réagi », a-t-elle rappelé. De la même façon, il faut agir contre ce que fait l’armée en Birmanie au peuple rohingya afin de la dissuader de continuer, a-t-elle prôné. À cet égard, l’ONU a un rôle essentiel dans ce domaine et elle en a les outils. Mais il faut trouver la volonté nécessaire et pour appuyer ces réformes, il faut veiller à ce qu’elles soient bien financées, a exigé Mme May. « Nous devons renouveler notre engagement envers la Déclaration universelle des droits de l’Homme. Veillons à ce que sa promesse soit tenue », a-t-elle conclu.
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