Déclaration
Résumé
Après 70 ans, les progrès sont réels, a déclaré M. BARACK OBAMA, Président des États-Unis. Pourtant aujourd’hui, nous nous réunissions en sachant que le travail n’est pas terminé et que des courants dangereux risquent de nous faire reculer dans un monde plus sombre et plus désordonné. Comment répondre à ces tendances? a demandé M. Obama à ceux qui disent que les principes de la Charte sont irréalisables ou dépassés et que la loi du plus fort doit prévaloir. Nous voyons ainsi des grandes puissances asseoir leur pouvoir en contrevenant au droit international. Selon elles, nous devons appuyer des tyrans comme Bachar al-Assad qui bombardent leur peuple parce que l’alternative serait certainement pire. Le scepticisme croissant face à l’ordre international est aussi de mise dans les démocraties les plus avancées, a fait observer le Président, en admettant que son propre pays n’est pas épargné puisque l’on entend des gens défendre la force contre les vieux ennemis à savoir une Chine montante, une Russie renaissante, un Iran révolutionnaire ou un Islam incompatible avec la paix.
Le Président s’est dit convaincu que les nations du monde ne peuvent retourner aux vieux réflexes des conflits et de la coercition. Quelle que soit la puissance de son armée ou la force de son économie, un pays comme les États-Unis ne peut résoudre seul les problèmes du monde. Il l’a appris en Iraq. Mais, a poursuivi le Président, la répression non plus ne peut forger la cohésion sociale dont les pays ont besoin pour réussir. Aujourd’hui, la force ne se mesure plus au contrôle d’un territoire. La force des nations dépend du succès de ses citoyens, des droits individuels, de la bonne gouvernance et de la sécurité humaine. La répression et l’agression étrangère sont les symptômes de l’échec. Une politique de solidarité qui se fonde sur la diabolisation des autres ou qui s’alimente du sectarisme montrera tôt ou tard ses faiblesses. Les nations fortes ont, par-dessus tout, la responsabilité de respecter l’ordre international actuel, a estimé le Président qui a illustré ses propos par le succès du processus lié au dossier nucléaire iranien. La même fidélité à l’ordre international a guidé nos réponses aux autres défis du monde dont l’annexion de la Crimée par la Fédération de Russie et l’agression de l’est de l’Ukraine. L’imposition des sanctions n’est en aucune façon une volonté de retourner à l’ère de la guerre froide, a assuré le Président. De même, pour la mer de Chine méridionale, les États-Unis défendront les principes du droit international tout en encourageant la Chine et les autres à résoudre leurs différends par la voie pacifique.
La diplomatie est difficile, a reconnu le Président, ses résultats peuvent décevoir et elle est rarement populaire. Mais les grandes nations ont l’obligation de prendre ce risque surtout qu’elles sont assez puissantes pour protéger leurs intérêts si et quand la diplomatie échoue. Nous devons aussi être assez forts pour admettre que ce que nous faisons ne fonctionne pas, a poursuivi le Président en parlant du cas de Cuba. S’il est de l’intérêt des grandes puissances de respecter le droit international, il l’est aussi du reste de la communauté des nations, a estimé le Président en appelant l’Iran, qui continue à faire jouer ses pions, à emprunter cette voie et scander « mort à l’Amérique » ne créera pas d’emplois et ne rendra pas l’Iran plus sûr. Promettant l’aide de son pays à la Libye, le Président a, sous les applaudissements, annoncé que tout comme les 50 autres pays, les États-Unis déploieront des capacités pour renforcer le maintien de la paix de l’ONU.
Nulle part ailleurs, notre engagement à l’ordre international n’a été autant mis à l’épreuve qu’en Syrie, a admis le Président. C’est sans scrupule que les États-Unis ont engagé leurs troupes contre l’État islamique mais la puissance militaire ne suffira pas à résoudre la situation. Les États-Unis sont prêts à travailler avec tout le monde, y compris la Fédération de Russie et l’Iran, pour résoudre le conflit. Mais après tant de sang et de carnages, il est hors de question que l’on revienne à la situation qui existait avant la guerre. C’est « Assad qui a réagi à des manifestations pacifiques en accentuant la répression et les meurtres, créant l’environnement actuel », a accusé le Président. Le réalisme exige une transition gérée sans Assad et avec un nouveau leader et un gouvernement inclusif qui reconnaissent qu’il faut mettre fin à ce chaos pour que les Syriens puissent se reconstruire. Avec l’État islamique, une partie de nos efforts doit être de rejeter les musulmans qui déforment l’Islam et qui prêchent l’intolérance et la violence mais aussi les non-musulmans ignorants qui croient qu’Islam égale terreur. Le travail prendra du temps. Il n’y a pas de réponse facile en Syrie ni de réponses simples aux changements au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Les États-Unis, a annoncé le Président, ont déjà décidé d’augmenter le nombre de réfugiés qu’ils accueilleront à leurs frontières, au nom de la sécurité collective et c’est la même sécurité qui a présidé aux engagements américains en faveur des objectifs de développement durable. Les États-Unis travailleront avec tout le monde pour qu’à Paris, on puisse confronter de manière décisive le défi du changement climatique.
M. Obama a conclu par un vibrant plaidoyer en faveur de la démocratie. La démocratie, à savoir la lutte constante pour l’exercice universel des droits et pour donner sa voix au peuple, est ce qui a fait des États-Unis la nation la plus puissante au monde. Ce qui est vrai pour l’Amérique l’est aussi pour les autres démocraties, a ajouté M. Obama. Nos systèmes, a-t-il insisté, se fondent sur le postulat que le pouvoir absolu corrompt absolument, que les peuples sont fondamentalement bons et que la famille, l’amitié, la foi et la dignité exigent un effort. Croire en la dignité de chacun, en la possibilité de jeter des ponts, en la coopération au détriment du conflit, n’est pas de la faiblesse. C’est de la force, c’est une exigence concrète de notre monde interconnecté et c’est ce que ceux qui ont créé l’ONU, il y a 70 ans, avaient compris, a conclu le Président des États-Unis.
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