Déclaration
Résumé
Mme DILMA ROUSSEFF, Présidente du Brésil, a d’emblée condamné les attaques terroristes commises à Nairobi, au Kenya, et présenté ses condoléances aux familles des victimes. Elle s’est ensuite attardée sur les révélations qui se sont fait jour au sujet d’un « réseau mondial d’espionnage électronique » qui, a-t-elle affirmé, a provoqué indignation et rejet dans le monde. Elle a indiqué que la situation était encore plus sérieuse au Brésil où, a-t-elle dénoncé, des données personnelles ont été interceptées sans distinction. Du côté du secteur privé, des informations à haute valeur économique et stratégique ont été au centre de l’espionnage. Même les communications des Missions diplomatiques du Brésil ont été interceptées sans oublier le Cabinet de la présidence.
Une telle intrusion dans les affaires internes d’un pays constitue une violation du droit international et un affront aux principes qui doivent guider les relations entre États, en particulier des pays amis. Un État souverain ne peut se consolider au détriment d’autres tout aussi souverains, a-t-elle tancé. Le droit à la sécurité des citoyens d’un pays ne peut en aucun cas être garanti par la violation des droits fondamentaux des citoyens d’autres pays.
L’argument selon lequel l’interception illégale d’informations a pour but de protéger les pays contre le terrorisme n’est pas acceptable, a tranché la Présidente brésilienne. « Le Brésil, Monsieur le Président, sait comment se protéger. Il rejette et combat les groupes terroristes. » Le Brésil est un pays démocratique, entouré par des pays démocratiques, pacifiques et respectueux du droit international. Le Brésil vit en paix avec ses voisins depuis 140 ans, a argué la Présidente.
Comme beaucoup de pays latino-américains, le Brésil a combattu l’autoritarisme et la censure et ne peut que défendre, sans équivoque, le droit à la vie privée des citoyens et sa souveraineté. Nous faisons face, a poursuivi la Présidente, à une grave violation des droits de l’homme et des libertés, à une invasion de la sphère privée et à un mépris de la souveraineté nationale. Nous exprimons au Gouvernement américain notre désapprobation et avons d’ailleurs demandé des explications, des excuses et la garantie que de telles procédures n’auront plus jamais lieu, a rappelé Mme Rousseff.
Le problème, a-t-elle estimé, va bien au-delà des relations bilatérales. Les technologies de l’information et de la communication ne sauraient être « le nouveau champ de bataille » entre États. Elle a annoncé que le Brésil présentera une proposition sur la création d’un cadre multilatéral civil de la gouvernance et de l’usage de l’Internet, afin d’assurer la protection effective des données qui transitent par le Web.
La Présidente du Brésil a ensuite tourné son attention sur le programme de développement pour l’après-2015 et a appelé les États Membres à se concentrer sur les résultats de la Conférence « Rio+20 », rappelant notamment qu’une des avancées majeures prises à Rio avait été de placer la pauvreté au centre du programme de développement durable. Elle a fait observer que les manifestations qu’avait connues le Brésil au mois de juin dernier étaient une « partie inséparable du développement de notre démocratie et du changement social ».
Les gens ne manifestaient pas pour un retour au passé mais pour plus de progrès vers un avenir de droits, de participation et d’acquis sociaux. C’est la raison pour laquelle, le Gouvernement a lancé cinq pactes majeurs concernant la lutte contre la corruption et les réformes politiques, la mobilité urbaine, l’éducation, la santé et enfin, la responsabilité fiscale.
Évoquant la situation économique mondiale, la Présidente du Brésil a prévenu que les pays émergents ne peuvent seuls garantir la reprise de la croissance mondiale. Il faut une « action coordonnée » pour réduire le chômage et rétablir « l’élan du commerce international ». Mme Rousseff a appuyé le processus de réforme du Fonds monétaire international (FMI), jugeant notamment nécessaire que la gouvernance de celui-ci sache refléter « le poids des pays émergents et en développement dans l’économie mondiale ».
Mme Rousseff a aussi voulu que l’on évite « l’échec collectif » en parvenant en 2015 sans un Conseil de sécurité capable d’assumer pleinement ses responsabilités dans le monde actuel. La représentativité limitée du Conseil est une source de graves préoccupations, pointant du doigt « les difficultés immenses » à trouver une solution à la crise syrienne et la paralysie face au conflit israélo-palestinien. S’agissant de la Syrie, elle s’est félicitée de l’accord conclu entre les États-Unis et la Fédération Russie sur l’élimination des armes chimiques syriennes. Quelles que soient les conditions, a-t-elle prévenu, nous rejetons les interventions unilatérales contraires au droit international et sans l’autorisation du Conseil de sécurité.
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