Déclaration
Résumé
M. NICOLAS SARKOZY, Président de la France, a souligné le caractère extraordinaire de cette soixante-quatrième Assemblée générale qui se déroule au milieu d’une crise financière, économique et sociale sans précédent. « Nous avons le devoir d’inventer un monde nouveau où les folies d’hier ne seront plus possibles », a déclaré M. Sarkozy, ajoutant que « maintenant nous savons tous vers quelles catastrophes peut nous conduire notre obstination à essayer de régler les problèmes du XXIe siècle avec les instruments et les idées du XXe siècle ».
Le Président de la France a estimé qu’après ce que le monde a vécu depuis un an, après être passé si près de l’effondrement de l’économie mondiale, après un tel démenti apporté aux habitudes de penser, aux certitudes, aux préjugés, la tâche qui incombe aux leaders d’aujourd’hui est de la même importance que celle qu’ont accomplie, au lendemain de la guerre, des hommes de bonne volonté qui voulaient asseoir la paix sur un nouvel ordre politique, économique et monétaire mondial. « Le monde va changer. Il ne peut en être autrement. Nous avons trop attendu pour corriger les excès de la finance et pour réguler la mondialisation ». « Nous avons également trop attendu pour faire obstacle à la prolifération nucléaire », a-t-il dit, en rappelant aux dirigeants iraniens qu’en misant sur la passivité de la communauté internationale pour poursuivre leur programme nucléaire militaire, ils commettraient une tragique erreur. « Nous avons aussi trop attendu pour nous attaquer aux injustices et pour rétablir la paix au Moyen-Orient en donnant au peuple palestinien cet État qui lui est dû au nom du droit et de la justice, et en garantissant au peuple d’Israël ce droit de vivre en sécurité que les tragédies de l’Histoire lui ont rendu nécessaire.
« La conscience universelle appelle ce changement », a poursuivi M. Sarkozy, ajoutant que cette crise oblige à faire preuve d’imagination et d’audace. Pour la France, la nécessité d’une nouvelle gouvernance mondiale s’impose dans la politique, l’économie et dans l’environnement. « Les pays les plus développés ne peuvent prétendre gouverner seuls l’humanité ». Face à la crise, le G-8, a-t-il dit, n’aurait pas eu la force, l’autorité, la légitimité dont le G-20 a fait preuve. C’est pourquoi, il faudrait élargir le cercle des membres permanents et non permanents du Conseil de sécurité, a-t-il souligné. Il en va de la légitimité de l’ONU et de sa capacité à agir dans un moment où le monde a tant besoin que la communauté internationale tout entière se mobilise pour relever des défis sans précédent, a-t-il insisté. M. Sarkozy a souhaité que les États Membres parviennent à un accord sur une réforme provisoire du Conseil de sécurité avant la fin de cette année.
Pour la France, a-t-il déclaré, les réformes de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI) sont également nécessaires, de manière à ce que les droits de vote y soient plus équitablement répartis. M. Sarkozy a souhaité en outre que la mission de ces institutions soit redéfinie. Il a estimé que leur rôle doit être de veiller aux grands équilibres économiques, monétaires et sociaux de la planète; et c’est pourquoi, il faut leur en donner les moyens.
La France, a-t-il poursuivi, souhaite une refonte du système monétaire international pour qu’il n’y ait plus un « système unimonétaire » dans un monde devenu politiquement et économiquement multipolaire. Elle souhaite en outre aller au bout de la refondation du capitalisme financier entreprise par le G-20; en finir avec les paradis fiscaux et limiter les fluctuations des cours des matières premières soumis à une spéculation excessive.
Le Président Sarkozy a souligné que des engagements sur les objectifs chiffrés en matière d’émissions de gaz à effet de serre soient fixés cette année à Copenhague. Il a préconisé la création d’une organisation mondiale de l’environnement unique qui viendrait remplacer les structures multiples actuelles. Dans ce contexte, il a mis l’accent sur la nécessité de reconnaître la légitimité du principe de la taxe carbone aux frontières, car, a-t-il dit, c’est la seule condition pour que nul ne puisse tirer profit d’un dumping environnemental.
Abordant la question du commerce international, M. Sarkozy a estimé que l’on ne peut pas demander aux pays en développement qui ont du retard, et aux plus pauvres qui doivent faire face à tant de difficultés de respecter les normes fondamentales édictées par les organisations spécialisées des Nations Unies, sans les aider dans leurs efforts. « Nous devons être capables de partager nos technologies et de trouver de nouvelles ressources pour l’aide au développement, pour relever ensemble le défi écologique, s’il le faut en taxant les gains excessifs de la spéculation et les rentes », a-t-il souligné. Face à cette tâche immense, a estimé M. Sarkozy, il faudrait aller vite et le plus loin possible, car, a-t-il dit, il n’y aurait rien de pire qu’un compromis médiocre à Pittsburgh et à Copenhague.
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