Déclaration
    Secrétaire général des Nations Unies
    Son Excellence
    António Guterres
    Secrétaire général
    Kaltura
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    Résumé

    « Notre monde est au plus mal », a averti, dès ses premiers mots, M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, en évoquant les inégalités qui se creusent et les défis qui se propagent.  Dans ce monde « en proie au tumulte », il a néanmoins distingué une « image de promesse et d’espoir », montrée en photo à l’écran, celle du Brave Commander, un navire chargé de céréales ukrainiennes destinées aux populations affamées de la Corne de l’Afrique.  Ce bateau battant le pavillon de l’ONU « symbolise ce que le monde peut accomplir lorsque nous agissons ensemble », a affirmé le Chef de l’Organisation, avant de saluer l’Initiative céréalière de la mer Noire, rendue possible par l’Ukraine et la Fédération de Russie elles-mêmes, avec le concours de la Türkiye.  « D’aucuns pourraient parler de miracle sur mer; en réalité, c’est la diplomatie multilatérale en action. »  Chaque navire participant transporte non seulement des vivres mais aussi de l’espoir, a souligné M. Guterres, appelant maintenant à l’action pour atténuer la crise alimentaire mondiale.  Cette année, le monde a assez de nourriture; ce qui pose problème, c’est l’acheminement.  Mais si le marché des engrais n’est pas stabilisé, c’est l’offre même de produits alimentaires qui pourrait poser problème l’an prochain, a-t-il prévenu, constatant que, déjà, les récoltes des agriculteurs en Afrique de l’Ouest et au-delà sont moindres en raison du prix et de la disponibilité des engrais.  Il est donc essentiel, selon lui, de supprimer les obstacles à l’exportation des engrais et de leurs composants, y compris l’ammoniac, qui ne sont pas soumis à des sanctions. 

    Ce besoin d’action se heurte toutefois à une « mer agitée », a observé le Secrétaire général.  En effet, un hiver de mécontentement mondial se profile, une crise du coût de la vie fait rage, la confiance s’effrite, les inégalités explosent, la planète brûle, les gens souffrent et les idéaux de la Charte des Nations Unies sont en danger.  Face à aux crises qui menacent l’avenir même de l’humanité, de la guerre en Ukraine à l’urgence climatique et à la perte de biodiversité, en passant par la situation financière désastreuse des pays en développement, la communauté internationale n’est, hélas, « ni prête ni disposée » à y faire face, a-t-il dit, déplorant également l’absence de garde-fous dans l’utilisation des nouvelles technologies.  À côté d’avancées comme les neurotechnologies, les cryptomonnaies ou la blockchain, les plateformes de médias sociaux « monétisent l’indignation, la colère et la négativité », a pointé M. Guterres, dénonçant la prolifération des discours de haine et de la désinformation.  De plus, nos données sont achetées et vendues pour influencer notre comportement, des logiciels espions échappent à tout contrôle, l’intelligence artificielle compromet l’intégrité des systèmes d’information et « nous ne disposons pas ne serait-ce que d’un embryon d’architecture mondiale globale pour faire face à tout cela ».

    Pour le Chef de l’ONU, les progrès sur ces questions sont « pris en otage par les tensions géopolitiques », lesquelles sapent le travail du Conseil de sécurité et les possibilités de coopération internationale.  « Nous ne pouvons pas continuer comme ça », a-t-il martelé, avertissant qu’après avoir évolué vers un « G-2 », nous risquons de nous retrouver avec un « G-zéro », sans coopération ni dialogue ni règlement collectif des problèmes.  Or, aucun grand problème mondial majeur ne peut être résolu par une coalition de volontaires, a affirmé le Secrétaire général, qui a plaidé pour une « coalition mondiale », notamment dans le domaine de la paix. 

    « Aujourd’hui, je voudrais présenter trois domaines dans lesquels cette coalition mondiale doit de toute urgence surmonter ses divisions et agir de concert », a poursuivi le Secrétaire général en s’exprimant en français.  Alors qu’une grande partie de la planète continue d’avoir les yeux rivés sur l’invasion russe en Ukraine, a-t-il relevé, en citant les dernières informations « extrêmement perturbantes » sur la découverte de sites funéraires à Izioum, les conflits et les crises humanitaires se propagent, souvent loin des projecteurs.  De surcroît, le déficit de financement de l’appel humanitaire mondial lancé par l’ONU s’élève à 32 milliards de dollars, un montant sans précédent, et les bouleversements sont partout, a-t-il noté, citant pêle-mêle les situations dramatiques en Afghanistan, en République démocratique du Congo, en Haïti, en Éthiopie, en Libye, en Iraq, en Israël et en Palestine, au Myanmar, au Sahel et en Syrie.  « Et la liste est encore longue. »  Il a aussi évoqué les menaces à la sécurité des centrales nucléaires, l’échec de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et l’absence d’accord sur le nucléaire iranien, avant de se réjouir de « quelques lueurs d’espoir », comme la trêve au Yémen et l’enracinement de la paix en Colombie.  Le Nouvel Agenda pour la paix qu’il esquisse dans son rapport sur « Notre Programme commun » vise à promouvoir les outils diplomatiques de règlement pacifique des conflits, a-t-il fait valoir.  Enchaînant en espagnol, le Secrétaire général a recommandé de mettre au premier plan le leadership de femmes et la consolidation de la paix, en plaidant pour le renforcement de la prospective stratégique, l’élargissement du rôle des groupes régionaux et la prise en compte des droits humains en matière de prévention. 

    Quant à la crise climatique, « enjeu déterminant de notre époque », elle doit être la priorité absolue de chaque gouvernement et organisation multilatérale, a poursuivi M. Guterres.  Mettant en garde contre une « catastrophe » planétaire, il a dit en avoir été témoin au Pakistan, où un tiers du pays est submergé par une « mousson monstrueuse ».  Et nous n’avons encore rien vu, a-t-il renchéri, avant de dénoncer un monde « accro aux combustibles fossiles » et d’appeler à demander des comptes à ceux qui continuent d’investir dans ce secteur.  « Les pollueurs doivent payer », a lancé le Secrétaire général, exhortant les économies développées à taxer les bénéfices exceptionnels des compagnies exploitant les énergies fossiles et à reverser ces fonds aux pays dans lesquels la crise climatique occasionne des pertes et aux personnes mises en difficulté par la hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie.  À quelques mois de la COP27 en Égypte, il a aussi enjoint les dirigeants à relever leur ambition et à investir dans les énergies renouvelables, l’adaptation aux chocs climatiques et la gestion des dommages dus aux catastrophes.  Nous devons également faire en sorte que la Conférence des Nations Unies sur la biodiversité soit un succès, tout en redoublant d’efforts pour négocier un accord international juridiquement contraignant sur la conservation et l’utilisation de la diversité biologique marine, a-t-il ajouté.

    Alors que 94 pays, majoritairement africains et où vivent 1,6 milliard d’habitants, se retrouvent confrontés aux retombées de la pandémie de COVID-19, à l’envolée des prix de la nourriture et de l’énergie, au fardeau d’une dette écrasante, à l’inflation galopante et au manque d’accès aux services financiers, les objectifs de développement durable (ODD) sont menacés et les pays en développement les premiers touchés, a alerté le Secrétaire général.  Pour y répondre de manière concertée, il a appelé au lancement d’un « plan de relance des ODD » à l’occasion du prochain sommet du G20 à Bali.  Dans le cadre de ce plan, les banques multilatérales de développement doivent accorder davantage de prêts à des conditions favorables aux pays en développement pour les aider à investir dans les ODD.  Parallèlement, l’Initiative de suspension du service de la dette du G20 doit être améliorée, tandis que les créanciers doivent envisager des mécanismes permettant de réduire le fardeau de la dette, tels que la conversion de créances en mesures d’adaptation climatique.  En outre, le produit intérieur brut (PIB) ne doit pas être le seul critère d’octroi de prêts, il convient de tenir compte de la vulnérabilité des pays en développement dans toutes ses dimensions, a-t-il précisé, avant d’exhorter le Fonds monétaire international (FMI) et les principales banques centrales à développer sensiblement leurs facilités de trésorerie, notamment par le biais de droits de tirage spéciaux (DTS).  Enfin, les gouvernements doivent renforcer des fonds spécialisés comme l’Alliance du vaccin (Gavi), le Fonds mondial et le Fonds vert pour le climat afin qu’ils disposent de ressources additionnelles pour financer les ODD, a préconisé M. Guterres, formant le vœu que les États Membres se saisiront également de sa proposition de « nouvelle donne mondiale » afin de transformer ces idées en solutions lors du Sommet de l’avenir en 2024. 

    Source :
    https://press.un.org/fr/2022/ag12446.doc.htm

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