Déclaration
    Secrétaire général des Nations Unies
    Son Excellence
    António Guterres
    Secrétaire général
    Kaltura
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    Résumé

    M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a déclaré être venu pour « tirer la sonnette d’alarme » car « le monde doit se réveiller ».  « Nous sommes au bord du précipice –et nous continuons de nous en approcher.  Jamais notre monde n’a été aussi menacé.  M. Guterres a cité non seulement la pandémie de COVID-19, qui a « amplifié des inégalités déjà flagrantes », la crise climatique, mais aussi les bouleversements qui, de l’Afghanistan à l’Éthiopie en passant par le Yémen, viennent menacer la paix.  Il y a ajouté « l’embrasement de méfiance et de désinformation » qui polarise les gens et paralyse les sociétés; les menaces pesant partout sur les droits de l’homme; et les attaques contre la science.

    Face à cette situation, l’aide économique destinée aux plus vulnérables, à supposer qu’elle leur parvienne, est insuffisante et arrive trop tard, a poursuivi le Secrétaire général, pour qui la solidarité fait défaut au moment où elle est le plus nécessaire.  Le Secrétaire général l’a illustré par l’image de vaccins contre la COVID-19 jetés à la poubelle dans certaines parties du monde alors que plus de 90% des Africains attendent toujours leur première dose.  Il a opposé les succès de la science, capable de mettre au point ces vaccins en un temps record, au manque tragique de volonté politique, égoïsme et méfiance, estimant que « Nous sommes moralement coupables de l’état du monde dans lequel nous vivons. »

    M. Guterres est ensuite revenu sur la crise climatique, rappelant le « code rouge pour l’humanité » que le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) représente.  Températures torrides, perte de biodiversité choquante, pollution de l’air, des eaux et des espaces naturels, les signes avant-coureurs de la catastrophe sont visibles sur chaque continent, a-t-il poursuivi, rappelant que même New York, la capitale financière du monde, n’est pas à l’abri.  M. Guterres a rappelé que, s’il est encore possible de tenir l’objectif de 1,5 degré fixé lors de l’Accord de Paris sur le climat, « la fenêtre pour le faire se ferme rapidement » et qu’au rythme des engagements nationaux actuels, la planète serait condamnée à « une situation infernale » d’augmentations de température d’au moins 2,7 degrés au-dessus des niveaux préindustriels.  Nous sommes à quelques semaines de la Conférence des Nations Unies sur le climat de Glasgow, mais apparemment à des années-lumière d’atteindre nos objectifs, a-t-il ajouté, appelant les dirigeants à s’y mettre sérieusement et à agir vite.

    Pour M. Guterres, la COVID-19 et la crise climatique ont mis en lumière les « profondes fragilités » des sociétés et de la planète.  Aussi a-t-il dénoncé l’orgueil qui prévaut sur l’humilité nécessaire face à ces « défis formidables », l’absence de solidarité et le « fléau de la méfiance » qui se répand, face aux promesses non tenues, la corruption ou les inégalités, illustrées par les promenades dans l’espace de milliardaires pendant que des millions de personnes ont faim sur terre.  Les personnes que nous servons et représentons risquent de perdre confiance non seulement dans leurs gouvernements et leurs institutions mais aussi dans les valeurs de paix, de droits humains et de dignité qui animent le travail des Nations Unies depuis plus de 75 ans, a averti le Secrétaire général, qui a mis en garde contre la « rupture des valeurs » à laquelle peut mener la rupture de confiance.  « À quoi bon des promesses si les gens ne voient pas de résultats dans leur vie quotidienne. »

    Pour le Secrétaire général, « l’heure de vérité a sonné » et le moment est venu de rétablir la confiance et de redonner de l’espoir.  « Et de l’espoir, j’en ai! », a-t-il ajouté, car « les problèmes que nous avons créés sont des problèmes que nous pouvons résoudre ».  Toutefois, a ajouté M. Guterres, le système multilatéral actuel a ses limites dans ses instruments et ses capacités, par rapport à ce qui est nécessaire et trop « axé sur le court terme » pour gérer efficacement les biens publics mondiaux.  Le Secrétaire général a donc demandé un renforcement de la gouvernance mondiale et le renouvellement du contrat social, en se concentrant sur l’avenir.

    M. Guterres a rappelé que son dernier rapport, « Notre programme commun », fournit une analyse à 360 degrés de l’état de notre monde et présente 90 recommandations spécifiques pour relever les défis d’aujourd’hui et renforcer le multilatéralisme de demain.  Ce programme, a-t-il insisté, s’appuie sur la Charte des Nations Unies, la Déclaration universelle des droits de l’homme, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et l’Accord de Paris sur le climat, étant également conforme au mandat confié au Secrétaire général par la Déclaration de l’ONU75.

    Pour parvenir à ce monde meilleur, il faudra combler six grands fossés, a expliqué M. Guterres, qui les a ensuite présentés successivement.

    Il a d’abord cité le fossé de la paix, dressant un panorama des instabilités, des coups de force, de l’impunité, ou encore les deux approches géostratégiques divergentes qui font naître le spectre d’un monde beaucoup plus instable et plus dangereux que celui de la guerre froide.  « Pour redonner confiance et raviver l’espoir, nous avons besoin de coopération.  Nous avons besoin de dialogue.  Nous devons nous entendre. »

    Il a ensuite cité le fossé climatique entrer Nord et Sud et demandé davantage d’ambition dans les trois domaines clefs de l’atténuation, du financement et de l’adaptation aux changements climatiques.  « N’attendez pas que les autres fassent le premier pas, faites votre part », a-t-il lancé à l’adresse de chacun des États Membres, en rappelant qu’il s’agit d’une « urgence planétaire ».  Il a notamment souhaité que 50% de tous les financements climatiques fournis par les pays développés et les banques multilatérales de développement soient consacrés à l’adaptation, rappelant que la Banque africaine de développement avait montré la voie en 2019.

    Le Secrétaire général a ensuite appelé à réduire le fossé entre riches et pauvres, y compris dans le cadre de la pandémie par l’adoption d’un plan de vaccination permettant d’au moins doubler la production de vaccins et de protéger ainsi 70% de la population mondiale avant la fin du premier semestre 2022.  Suggérant la constitution et la composition d’une équipe spéciale d’urgence pour exécuter le plan de vaccination mondial, il a aussi suggéré aux économies avancées de réaffecter l’excédent de leurs DTS (droits de tirage spéciaux) aux pays qui en ont vraiment besoin.  Mais, « les DTS ne sont pas la panacée », a-t-il reconnu.  M. Guterres a également demandé la poursuite de la suspension de la dette jusqu’en 2022 et la réforme des système fiscaux.  Il a plaidé pour la mise en place d’un nouveau contrat social, avec une couverture sociale universelle notamment.

    S’exprimant en français, M. Guterres a aussi appelé à combler le fossé entre les genres, en rappelant notamment les effets disproportionnés de la pandémie sur les femmes et les filles.  « L’égalité des femmes est essentiellement une question de pouvoir », a-t-il dit en appelant à changer l’équilibre du pouvoir.  Il a ainsi recommandé de veiller à ce que les femmes soient pleinement représentées et puissent apporter la pleine contribution partout.  Il a exhorté les gouvernements, les entreprises et les autres organisations à prendre des mesures audacieuses, y compris des critères de référence et des quotas, pour établir la parité hommes-femmes à tous les niveaux de la hiérarchie, offrant l’exemple de ce que l’ONU est parvenue à réaliser au sein de l’équipe dirigeante et parmi les responsables de bureaux de pays.  Il a aussi plaidé pour que soit adopté un plan d’urgence pour lutter contre la violence de genre dans chaque pays.

    Pour « redonner confiance et raviver l’espoir », le Secrétaire général a appelé à réduire la fracture numérique, vu que la moitié de l’humanité n’a pas accès à Internet.  Souhaitant que tout le monde soit connecté d’ici à 2030, il a rappelé la vision de son Plan d’action de coopération numérique.  Il s’est inquiété de l’usage fait des données collectées par les plateformes numériques ou les États, parlant de « vaste bibliothèque d’informations » en train d’être constituée sur chacun d’entre nous, et de « contrat à terme » sur nos comportements et habitudes qui deviennent des produits.  « Ce n’est pas de la science-fiction.  C’est notre réalité.  Et cela exige un débat sérieux. »  Quels cadres juridiques nous permettraient de faire face à une cyberattaque massive, a-t-il lancé, regrettant le manque de consensus sur la façon de réglementer ces technologies.  Nous devons placer les droits humains au centre des efforts visant à un avenir numérique sûr, ouvert et équitable, a-t-il aussi insisté.

    Enfin, M. Guterres s’est exprimé en espagnol sur le sujet du fossé entre les générations, qu’il a appelé à réduire, en rappelant que ce sont les jeunes d’aujourd’hui qui hériteront des décisions prises par leurs ainés.  « Il faut les laisser s’asseoir à la table des négociations. »  C’est pourquoi il a annoncé la création d’un Bureau des Nations Unies pour la jeunesse et la nomination prochaine d’un Envoyé spécial pour les générations futures.  Il a aussi rappelé que son rapport propose la tenue, l’an prochain, d’un sommet sur la transformation de l’éducation.

    Avec un engagement réel, nous pouvons tenir la promesse d’un monde meilleur et plus pacifique, a conclu le Secrétaire général, pour qui la meilleure façon pour un État de promouvoir les intérêts de ses ressortissants est de faire avancer les intérêts de notre avenir commun.  « L’interdépendance est la logique du XXIe siècle » et « c’est l’idée qui guide l’Organisation des Nations Unies », a-t-il lancé en appelant en à relancer le multilatéralisme, rétablir la confiance et inspirer l’espoir, en commençant dès maintenant.

    Source :
    https://press.un.org/fr/2021/ag12364.doc.htm

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