Déclaration
    Secrétaire général des Nations Unies
    Son Excellence
    António Guterres
    Secrétaire général
    Kaltura
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    Résumé

    « Nous, les peuples » et « nos » Nations Unies sommes confrontés à des défis considérables, a affirmé M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, en évoquant les souffrances, la faim, l’insécurité, les inégalités croissantes, les conflits qui s’étendent, ainsi que les changements climatiques.  Il a aussi mentionné la fragmentation des sociétés, les clivages dans les discours politiques, la confiance qui s’étiole à cause de ceux qui sèment la division.

    « Nous sommes un monde en morceaux.  Nous devons être un monde en paix. »

    Se montrant toutefois confiant, il s’est dit convaincu que, « ensemble, nous pouvons réaliser la paix ».  « Nous pouvons restaurer la confiance et créer un monde meilleur pour tous. »

    Annonçant sept défis auquel le monde est confronté mais auxquels les nations vraiment unies peuvent répondre, le Secrétaire général a cité tout d’abord le péril nucléaire.  Le recours à des armes nucléaires devrait être impensable, a-t-il affirmé, tout en constatant que, aujourd’hui, les craintes ne sont pas abstraites. 

    En effet, des millions d’individus vivent dans la peur du fait des essais nucléaires et de missiles provoquants de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), ce pays ne faisant rien pour apaiser ces craintes. 

    « Je condamne ces essais et je demande à la RPDC et à tous les États Membres d’appliquer les résolutions du Conseil de sécurité », a-t-il dit, avant d’appeler ce dernier à maintenir le front uni qu’il a affiché la semaine dernière en renforçant les sanctions.  Cette unité, a-t-il remarqué, est la seule solution pour arriver à la dénucléarisation de la péninsule coréenne.  Plaidant pour une solution politique, il a invité tous les pays à s’engager envers cet objectif, en particulier les pays dotés de l’arme nucléaire. 

    Aujourd’hui, la prolifération entraîne un danger inimaginable, a-t-il regretté, jugeant urgent de l’entraver, de promouvoir le désarmement et de préserver les acquis dans cette voie.
    Passant à la menace mondiale que pose le terrorisme, M. Guterres a rappelé que rien ne justifie ce phénomène qui déstabilise les sociétés et détourne des énergies qui pourraient être utilisées à des fins plus utiles.  Il s’est félicité que les efforts nationaux et multilatéraux de lutte antiterroriste aient permis de perturber les réseaux terroristes et de sauver des vies.  « Nous devons intensifier ce travail », a-t-il ajouté en souhaitant une coopération internationale plus forte.

    M. Guterres a remercié l’Assemblée générale d’avoir approuvé une de ses premières initiatives, la création du Bureau des Nations Unies sur la lutte antiterroriste.  Il a annoncé vouloir convoquer, l’an prochain, la première réunion jamais organisée des chefs des agences de lutte antiterroriste, pour élaborer un nouveau partenariat international en ce domaine.

    Il ne s’agit pas seulement de lutter contre les terroristes, mais aussi de régler les causes profondes de la radicalisation, a-t-il ajouté en voulant s’attaquer aux inégalités et à la haine.  Il faut aussi redoubler d’effort pour aider les survivants. 

    Mais, pour le Secrétaire général, une répression lourde et trop forte est contreproductive, comme l’expérience l’a montré.  Si l’on croit que les violations des droits de l’homme et des libertés démocratiques sont nécessaires pour lutter contre le terrorisme, on perd la guerre, a-t-il prévenu.

    M. Guterres a enchaîné avec le problème des conflits non résolus et des violations du droit humanitaire international, citant le cas de l’État de Rakhine, au Myanmar où se déroule un cycle de persécutions, de discriminations, de radicalisations et de répressions violentes ayant conduit plus de 400 000 personnes à fuir.

    Il a pris note que la dirigeante du Myanmar Aung San Suu Kyi avait exprimé, aujourd’hui, son intention d’appliquer aussi rapidement que possible les recommandations de la Commission consultative sur l’État de Rakhine, présidée par l’ancien Secrétaire général, M. Kofi Annan. 

    Il a cependant insisté pour que les autorités du Myanmar cessent leurs opérations militaires, offrent un accès humanitaire sans entrave, et reconnaissent le droit des réfugiés de retourner chez eux en toute sécurité et dans la dignité.  Ils doivent aussi tenir compte des problèmes non résolus des Rohingya en ce qui concerne leur statut.

    De la Syrie au Yémen, en passant par le Soudan du Sud, le Sahel et l’Afghanistan, seules les solutions politiques peuvent amener la paix, a poursuivi le Secrétaire général, en invitant à résoudre les conflits qui fournissent un terreau fertile à l’extrémisme. 

    Il a mentionné à cet égard la création d’un conseil consultatif sur la médiation, la semaine dernière, et s’est félicité du fait que les Nations Unies forgent un partenariat étroit avec l’Union africaine, l’Union européenne, la Ligue des États arabes et l’Organisation de la coopération islamique (OCI). 

    « Depuis que j’ai commencé mon mandat, j’ai essayé de rassembler autour de la même table les parties aux conflits et ceux qui les influencent », a déclaré M. Guterres.  Il s’est dit particulièrement confiant quant à la réunion de demain sur la Libye.  Rappelant aussi sa visite en Israël et en Palestine le mois dernier, il a de nouveau réaffirmé que la solution des deux États était la seule.

    Trop souvent, la guerre semble la seule réponse pour les belligérants qui veulent la victoire à tout prix, a-t-il remarqué, tout en se rappelant avoir vu, dans son pays et au cours de ses années au sein de l’ONU, qu’on peut passer de la guerre à la paix, de la dictature à la démocratie.

    En ce qui concerne le quatrième défi, le changement climatique, le Secrétaire général y a vu un danger face aux espoirs du monde.  L’an dernier a été l’année la plus chaude dans l’histoire, de même que pour la décennie qui vient de s’écouler, a-t-il expliqué, en évoquant les expériences des États-Unis, de la Chine, de l’Inde, des Philippines et de l’Indonésie qui ont connu le plus grand nombre de catastrophes naturelles depuis 1995, soit 1 600 catastrophes et donc une tous les cinq jours.

    Affichant sa solidarité avec la population des États-Unis et des Caraïbes qui ont subi l’ouragan Irma, il a prévenu que les scientifiques étaient catégoriques: ces conditions météorologiques extrêmes vont sans doute devenir la nouvelle norme.  Il a dès lors demandé aux gouvernements de mettre en œuvre l’Accord de Paris, se félicitant des initiatives prises en ce sens par les villes et par de nombreuses entreprises privées. 

    Poursuivant en français, le Secrétaire général a dénoncé les inégalités croissantes malgré les progrès économiques et technologiques constants.  Illustrant son propos, il a rappelé que huit hommes représentent autant de richesse mondiale que la moitié de l’humanité.  De plus, des pays, des régions et des communautés entiers restent loin des vagues de progrès et de croissance livrés à eux-mêmes dans les « rust belts » (autrement dit des « zones abandonnées » ou « laissées pour compte ») de notre monde. 
    « Cette exclusion a un prix: frustration, aliénation, instabilité ».  « Mais nous avons un plan visant à changer de cap », a-t-il dit en parlant du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

    Par ailleurs, « la moitié du monde est de sexe féminin ».  La moitié du monde a moins de 25 ans », a-t-il poursuivi en appelant à utiliser le pouvoir des femmes et l’énergie des jeunes.  Conscient de la vitesse à laquelle peut s’opérer la transformation de nos jours, il a espéré qu’on saura trouver la sagesse d’utiliser les outils, les plans et les ressources déjà entre nos mains pour parvenir à un développement durable et bénéfique à tous.  C’est un objectif en soi et un instrument de prévention des conflits, a-t-il souligné, des propos applaudis par l’assemblée.

    La sixième menace, pour le Secrétaire général, c’est le côté obscur de l’innovation.  Si la technologie continuera d’être au cœur des progrès partagés, l’innovation peut avoir des conséquences imprévues, a-t-il prévenu.  Il a ainsi voulu parler des menaces croissantes liées à la cybersécurité.

    Certes, les progrès dans le cyberespace peuvent autonomiser les personnes, mais ce qu’on appelle le « dark web » (« face sombre de l’Internet ») montre que certains utilisent ce potentiel pour nuire et asservir.  En outre, l’intelligence artificielle peut avoir un effet dramatique sur le marché du travail, tandis que l’ingénierie génétique cause des problèmes éthiques non résolus.

    Le Secrétaire général a donc mis en garde que, si l’on ne traite pas ces avancées de manière responsable, elles pourraient causer des dommages incalculables.
    Puis, s’exprimant cette fis-ci en espagnol, M. Guterres a prévenu que les gouvernements et les organisations internationales n’étaient tout simplement pas prêts à faire face à cette nouvelle situation.  Il faut une nouvelle réflexion stratégique et éthique et une nouvelle réglementation, a-t-il plaidé, assurant que les Nations Unies constituaient l’enceinte dans laquelle les États Membres, la société civile, les entreprises et les universitaires pouvaient se réunir pour envisager la voie à suivre.

    Venant enfin à la question de la mobilité humaine, M. Guterres a assuré que ce n’était pas une menace.  C’est plutôt un défi qui, s’il est bien géré, peut resserrer les liens dans le monde.  Ce n’est pas seulement une crise de réfugiés, mais aussi une crise de solidarité.  Il a appelé à rétablir le régime de protection des réfugiés et la décence des personnes humaines.

    Le Secrétaire général a félicité les pays qui ont accueilli des millions de personnes déplacées, tout en appelant à en faire davantage pour aider ces personnes, encore applaudi par les délégations.  C’est lorsque les migrants se déplacent de façon non ordonnée que les risques se réalisent pour les pays d’accueil comme pour la sécurité des migrants, a-t-il reconnu. 

    Prédisant que la migration resterait un phénomène, il a voulu veiller à ce que ces personnes soient traitées sur un pied d’égalité et que leurs droits de l’homme soient respectés. 
    « La migration devrait être une option et non pas une nécessité. »  Il faut aussi un engagement plus ferme de la communauté internationale pour réprimer les réseaux de trafiquants d’êtres humains.

    « Je suis moi-même un migrant, comme beaucoup d’entre vous, mais personne ne s’attend à ce que je risque ma vie sur un bateau qui prend l’eau ou que je traverse un désert caché dans un camion pour trouver du travail en dehors de mon pays de naissance », a imaginé le Secrétaire général, des propos à nouveau salués par des applaudissements. 
    Le problème, a-t-il poursuivi, c’est le conflit et la persécution implacable.  Il a dénoncé le fait que les réfugiés et les migrants soient devenus des boucs émissaires dans les enjeux électoraux.  Il a insisté pour que la diversité soit considérée comme une richesse, ce qui implique d’investir dans la cohésion sociale.

    Affirmant, enfin, qu’il fallait réformer le monde, il a assuré être déterminé à réformer les Nations Unies.  Il a, à cet égard, recensé les réformes entreprises pour établir un système onusien de développement en mesure de soutenir les États dans leurs efforts pour garantir une vie meilleure aux populations; renforcer nos capacités pour préserver la paix, la sécurité et les droits de l’homme; et adopter des méthodes de gestion qui fassent avancer ces objectifs au lieu de les entraver. 

    « Nous avons aussi lancé une nouvelle approche pour prévenir les atteintes et les abus sexuels et adopté une feuille de route pour parvenir à la parité entre les sexes à l’Organisation. »

    « Nous sommes ici pour servir », a conclu le Secrétaire général, en insistant sur la nécessité d’apaiser les souffrances des peuples et de résoudre les conflits.  Le multilatéralisme est plus important que jamais, a-t-il estimé, en appelant à agir à l’unisson, la seule façon de tenir les promesses de la Charte des Nations Unies de d’assurer l’égalité pour tous. 

    M. Guterres a terminé son allocution par le mot « merci », prononcé dans les six langues officielles des Nations Unies et la sienne, le portugais.

    Source :
    http://www.un.org/press/fr/2017/ag11947.doc.htm

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