Mme KARIN KNEISSL, Ministre fédérale de l’Europe, de l’intégration et des affaires étrangères de l’Autriche, a déploré le fait que, trop souvent, les diplomates ne parviennent pas à faire entendre les « voix de ceux qui sont dans la misère », privilégiant les « belles déclarations » aux « véritables actions ». Selon Mme Kneissl, cet état d’esprit traduit une perte du sens de la réalité. « C’est de l’autisme », a-t-elle conclu, avant de s’interroger sur le véritable sens des discussions qui ont cours dans les cercles diplomatiques. Où se trouve l’efficacité du « multilatéralisme que nous célébrons ici? » s’est demandé la Ministre, évoquant les comités, les déclarations et les conventions. Mme Kneissl a salué à ce sujet le discours du Président français, M. Emmanuel Macron, qui a déclaré devant l’Assemblée générale que le multilatéralisme et la règle du droit sont synonymes. Or, le multilatéralisme s’efface trop souvent dans un « manège de réunions, dont certains diplomates nantis ont fait un jeu confortable, subtil, interminable, étoffées de litanie et de mantras », a-t-elle dénoncé.
Pendant que des enfants souffrent en Syrie et au Yémen, nous nous contentons de ces mantras, tels que reconstruction et stabilisation, a poursuivi Mme Kneissl. Pour sa part, l’Autriche souhaite contribuer au déminage en Syrie, et est prête à accroître son aide humanitaire au Yémen, « la plus grande tragédie de notre époque ». Elle a condamné l’utilisation des armes chimiques en Syrie et proposé d’interdire « catégoriquement » la production et l’utilisation des armes nucléaires. Déplorant la mise en œuvre « inadéquate » du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, elle a plaidé pour l’application des règles contraignantes existantes, soulignant que les traités « ne relèvent pas de l’ordre moral, mais du domaine juridique ». Enfin, elle a jugé « primordiale » la ratification du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.
La Ministre a en outre défendu le recours à la Cour internationale de Justice (CIJ) et la Cour pénale internationale (CPI), y voyant une « façon crédible » d’assurer la primauté du droit. Elle a enfin décrit les initiatives de son pays dans la lutte contre les mutilations génitales féminines et les violations aux droits de la personne.